Contrairement aux processus électoraux passés, l'Organisation internationale de la francophonie ne procédera pas à l'audit du fichier électoral de la RDC cette année. L'OIF a saisi mercredi 3 mai les autorités congolaises pour lui signifier sa décision, expliquant que le délai de cinq jours, soit du 15 au 20 mai, est très court pour la réalisation de cette opération. Mais à Kinshasa, des voix s'élèvent pour critiquer l'exécutif de l'OIF, dirigé par une Rwandaise, dans le contexte de tensions entre les deux pays.
L'initiative était de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) : c'est elle qui avait invité l'OIF, dans le souci « de transparence ». Une mission préparatoire était même à Kinshasa du 23 au 28 avril pour évaluer le contexte général du processus et identifier les besoins.
En 2018, l'audit de l'OIF avait fait remarquer la présence de 16% d'électeurs dont les empreintes digitales n'avaient pas été enregistrés, notamment
Aujourd'hui, le contexte est différent et la confiance s'est effritée.
Certains politiques et des membres de la société civile se sont ouvertement opposés à l'audit du fichier par l'organisation de la francophonie : ils disent ne pas faire confiance à l'exécutif actuel de l'OIF, dirigé par la rwandaise Louise Mushikiwabo. Cela en référence à la tension toujours persistante entre Kinshasa et Kigali.
« Ce fichier contient des données sensibles et nos craintes sont légitimes », a confié à RFI un député de la majorité présidentielle.
Le gouvernement ne s'est pas encore officiellement prononcé sur la question.
De son côté, la Céni va se réunir dès cette semaine pour évoquer la situation et évaluer la possibilité de confier la mission d'audit du fichier électoral à une autre organisation.
«Si l'OIF considère que cinq jours ne suffisent pas, il y a lieu de prendre cela au sérieux, il serait sage de prolonger le délai», réagit Mgr Donatien N'sholé, secrétaire général et porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco)