Madagascar: ONG Freedom House - La CENI soumise à l'influence de l'exécutif

Madagascar maintient son score dans le rapport annuel de l'organisation non-gouvernementale américaine Freedom House.

Les projecteurs restent toujours braqués sur les préparatifs des prochaines élections dans le pays. L'Ong américaine Freedom House, qui vient de publier récemment son rapport sur la liberté et la démocratie dans le monde pour cette année 2023, a abordé ce sujet qui attire l'attention des pays étrangers depuis quelques mois.

Dans le document publié en anglais et mis en ligne sur le site de cette organisation, elle n'a pas manqué de toucher mot sur la crédibilité de la commission électorale nationale indépendante. « Elle est soumise à une certaine influence de l'exécutif, qui contrôle les processus de nomination des membres et d'allocation budgétaire » a soutenu Freedom House.

Le rapport a partagé les mêmes constats que d'autres observateurs étrangers ont déjà publié à propos de la commission d'Alarobia. Et selon toujours cette Ong, « l'indépendance et la crédibilité de la CENI ont été sérieusement mises à mal par son manque de ressources et d'expertise, notamment en matière de gestion de bases de données et de technologies de l'information ».

61/100

Madagascar est classée comme « partiellement libre » par cette organisation non-gouvernementale américaine, dont le siège est à Washington, et reconnue comme partenaire privilégié du gouvernement américain dans l'observation de la liberté et de la démocratie au niveau mondial. Le Mozambique, la Tanzanie, la Zambie ou le Namibie, sont des pays de la zone SADC qui figurent dans la même liste que la Grande île en matière de liberté.

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Par rapport à l'année dernière, la note de Madagascar a stagné au 61 sur une échelle de 100 mise en place par Freedom House. Le score a maintenu le pays sur un classement confortable par rapport à d'autres pays africains comme l'Angola, le Zimbabwe, l'Ethiopie ou la République démocratique du Congo, qui sont, entre autres, classés comme des pays qui « ne sont pas libres » par Freedom House. Cependant, « la corruption du gouvernement et le manque de responsabilité persistent » à Madagascar, estime l'Ong.

Elections 2018

« La corruption reste un grave problème à Madagascar » a soutenu Freedom House dans son rapport 2023. Et ce « malgré l'adoption de réformes et de stratégies anti-corruption récentes » poursuit-elle dans son document. Sur ce domaine, la Grande île ne fait pas toujours bonne figure. Et la récente évaluation qui venait d'être publiée par le comité national de sauvegarde de l'intégrité (CSI) est loin d'être complaisante sur le sujet.

Poursuite des personnalités corrompues, déploiement de moyens financiers au bénéfice du système anti-corruption, poids de la procédure, sont des points auxquels Madagascar ne brillent pas encore, selon le CSI. Une situation qui est partagée par Freedom House. « Les enquêtes et les poursuites pour corruption par le Bureau indépendant de lutte contre la corruption sont peu fréquentes et ciblent rarement des personnalités de premier plan » soutient-elle dans son rapport.

L'Ong américaine cite à cet effet, que « le Bianco a identifié 79 personnalités qui ont accepté des pots-de-vin pour adopter les réformes électorales de 2018, pourtant les procureurs n'avaient pas engagé de poursuites contre eux jusqu'à la fin de 2022 ». Et de rajouter qu' « en 2019, le Bianco a soumis un rapport à la Haute Cour de justice (HCJ) impliquant trois anciens ministres dans des actes de corruption mais le tribunal n'a pas encore examiné les allégations » déplore le Freedom House.

Ethnies

Les observations de Freedom House ne sont pas non plus très bienveillantes à l'égard de la justice du pays. Non seulement, « les résultats des procès sont souvent prédéterminés et le peuple malgache considère généralement le système judiciaire comme corrompu » mais aussi « l'exécutif influence les décisions judiciaires par la réaffectation des juges » selon l'Ong américaine.

En matière de liberté politique, Freedom House soutient que « les autorités refusent les autorisations pour les manifestations et dispersent celles qui ont lieu ». Et d'ajouter que « les normes culturelles restreignent la participation politique des femmes. L'ethnicité et la caste sont des déterminants politiques importants, mais n'affectent généralement pas les droits politiques ». Elle estime aussi que « le gouvernement a eu du mal à gérer l'anarchie et la pauvreté ».

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