Cameroun: Michel Ferdinand - « Le journaliste peut être sanctionné autrement que par la prison »

Le président du Réseau des medias pour la promotion de la liberté d'expression explique que le plaidoyer constitue un moyen structuré pour porter une cause collective.

Le Réseau des medias pour la promotion de la liberté d'expression a lancé officiellement ses activités ce 03 mai 2023, avec pour principal levier, l'engagement d'un plaidoyer pour la dépénalisation des délits de presse au Cameroun ? Comment espérez-vous réussir où l'Organisation camerounaise pour la liberté de la presse (Ocalip), l'Union des journalistes du Cameroun(Ujc), le Syndicat national des journalistes du Cameroun(Snjc) ont eu de la peine à faire bouger les lignes ?

Nous n'allons pas inventer la roue ou le fil à coudre...Le Réseau des medias pour la promotion de la liberté d'expression mise sur un plaidoyer. C'est un moyen très structuré pour porter une cause à l'attention des décideurs politiques. Nous comptons aussi sur accompagnement très efface de notre secrétariat exécutif assuré par de Jade, une organisation qui jouit d'une très grande expérience en matière de promotion des droits humains et de la liberté de la presse.

Nous sommes conscients que depuis plus d'une trentaine d'années le débat sur la dépénalisation des délits de presse agite le landerneau politico-médiatique camerounais. Nous remettons ce débat sur la scène. Nous sommes conscients que chacune des organisations cités à apporter sa pierre à l'édifice.

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Quels sont les mécanismes envisagés par le Réseau des medias pour la promotion de la liberté d'expression en vue de favoriser l'autorégulation de la profession, question d'empêcher que les francs-tireurs et autres infiltrés sapent la crédibilité des journalistes professionnels ?

Il est question pour nous de mettre sur pied une structure d'autorégulation légitime et crédible. Pour nous, l'intégrité professionnelle est la pierre angulaire de la crédibilité des journalistes. Les membres de nos organes seront des professionnels intègres. Ils seront élus et non nommés. Le code édicté sera la boussole. Nous allons travailler avec éthique et professionnalisme.

Décriminaliser voire dépénaliser ne veut pas dire consécration de l'impunité. Que dire ?

Il est vrai, nous ne voulons pas promouvoir le règne de l'impunité au nom de la défense et de la promotion de la liberté d'expression. Nous sommes ligués contre le sévérité des lois qui répriment les journalistes jugés fautifs. Nous sommes contre l'attitude des magistrats qui condamnent abusivement les journalistes.

Observez-vous comment Christophe Bobiokono a été condamné récemment. Ils lui ont imposé des versé plusieurs millions de francs de Fcfa à l'Etat du Cameroun. C'est asphyxiant. Nous sommes contre de forte peine pécuniaire. Il est inadmissible pour nous que le journaliste perde de sa crédibilité devant l'opinion. Combien de magistrat sont pénalement poursuivi pour avoir rendu une mauvaise décision dans le cadre d'une affaire. En cas de défaillance, ils reçoivent des sanctions administratives ou disciplinaires.

Au Cameroun, comme ailleurs, la profession est en crise, voir menacée de désintégration. Tout le monde juge et méprise le journaliste. Combien de médecins sont jugés et sanctionnés pour avoir mal faire leur travail ? Combien d'enseignant sont publiquement remis à l'ordre pour avoir mal enseigné ? Il faut se cesser de rendre les journalistes ridicules en les trainant dans les tribunaux juste parc qu'ils ont commis des erreurs ou des fautes professionnelles. Désacralisé par une certaine opinion publique, le journaliste doit-il renoncer à sa vocation et à sa mission.

Nous disons non à cela. Notre vision est de travailler pour une bonne autorégulation. Cette institution originale rassemblerait non seulement les partenaires professionnels habituels (les journalistes et leurs employeurs) mais aussi les représentants du public (lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, internautes).Ni tribunal, ni « ordre professionnel » ce conseil pourrait être saisi par toute personne (ou groupe de personnes) qui constate ou qui est victime d'un manquement à la déontologie et à l'éthique professionnelles. Il fonctionnerait comme une instance de médiation. Et là aussi, l'idée d'abord regardée de loin par les professionnels, commence à faire son chemin.

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