En visite à Nairobi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a reconnu, le mercredi 3 mai, que le monde a « échoué » à empêcher la guerre qui dévaste le pays. Mais sans reconnaître la part de responsabilité de l'organisation. Or, au sein de la société civile soudanaise, beaucoup considèrent que cette guerre montre l'échec de la méthode adoptée par la communauté internationale et leur attitude trop « conciliante » face aux deux généraux auteurs du coup d'État de 2021.
Les propos du chef de l'ONU ressemblent à un mea culpa mais n'en sont pas vraiment un. Car si « échec » il y a eu, a expliqué Antonio Guterres, ce serait de ne pas avoir vu venir la crise, et pas plus.
« Dans la mesure où nous et beaucoup d'autres ne nous attendions pas à ce que cela arrive, nous pouvons dire que nous avons échoué à éviter que cela se produise. Mais je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit que nous aurions dû faire, que nous n'avons pas fait pour l'éviter. Parce que nous espérions que les négociations entre les deux parties aboutiraient », explique Antonio Guterres.
Une attitude trop conciliante
Pour la chercheuse soudanaise Khalood Khair, l'affrontement entre les deux généraux était au contraire tout à fait prévisible.
Pire, elle estime que l'ONU a au contraire « contribué » à cette situation par son attitude trop conciliante vis-à-vis des deux généraux du coup d'État de 2021. Ainsi qu'en soutenant un processus politique qui a exacerbé les tensions entre eux.
« Les seules personnes qui plaident aujourd'hui l'ignorance sont les membres de la communauté internationale qui se sont tellement investis dans la réhabilitation des généraux qu'ils ont oublié qu'il s'agissait de tueurs, qui ont piétiné la démocratie soudanaise à toutes les étapes et c'est à bien des égards la raison pour laquelle nous en sommes là, et ce qui a mené à ce conflit », estime Kholood Khair.
Pour essayer de sortir le Soudan de la guerre, l'ONU doit « changer de logique » vis-à-vis des deux généraux et « les tenir désormais pour responsables de leurs actes », conclu Khalood Khair.