Afrique: L'ANC monte au créneau, dénonce et exige !

La pluie de dénonciation des irrégularités par rapport aux opérations de recensement en cours dans la zone 1 (Maritime et Grand Lomé) au Togo continuent de tomber. Dernière de la liste des formations politiques à formuler ces dénonciations, c'est l'ANC (Alliance Nationale pour le Changement) de Jean Pierre Fabre.

Le parti à travers une déclaration signée de sa vice-présidente, Me Isabelle Manavi Améganvi, se veut exigeant. Il exige une reprise pure et simple ou une prorogation des opérations.

C'est une exigence du parti à la couleur orange qui tombe au moment même où, au terme d'une descente sur le terrain, le président de la CENI, Dago Yabré, a diplomatiquement reconnu le ralentissement volontaire des enrôlements et traitement des données dont sont auteurs des OPS et agents des Comités Listes et Cartes.

En attendant de voir la décision qui sera prise par l'instance organisatrice des futures élections au Togo, voici la déclaration liminaire de la responsable de l'ANC, déclaration présentée devant la presse...

Déclaration liminaire

La CENI, qui est en place depuis plus d'un an et qui a en charge l'organisation et la supervision des prochaines élections, vient de lancer en catimini un recensement électoral, sans campagne d'information et de sensibilisation suffisante, permettant aux populations de comprendre l'enjeu et le sens de ce recensement ainsi que la nécessité de se faire inscrire sur la liste électorale.

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Une CENI très largement déséquilibrée dans sa composition, au profit du RPT/UNIR. Une CENI qui n'a toujours pas rendu public le chronogramme de ces élections.

Ce recensement, démarré le 29 avril 2023, connait une kyrielle de dysfonctionnements graves, au nombre desquels : le retard considérable dans le déploiement des kits de recensement dans les centres d'enrôlement, l'état défectueux, vétuste voire obsolète de ces kits, (plus de 20 ans d'âge parfois) avec des ordinateurs et des imprimantes mal initialisés et fréquemment en panne, des opérateurs mal formés, absents, ou en retard, ou qui désertent les sites avant l'heure réglementaire de fermeture, sans compter les pénuries des consommables (encre, formulaires, carburant, cartes, etc.) d'où la lenteur observée dans l'enregistrement des électeurs. Il faut parfois plus de deux heures de temps sinon toute la matinée ou toute une journée pour obtenir sa carte d'électeur.

En outre, il y a lieu de dénoncer l'omniprésence dans les CRV, en violation du Code Electoral, de prétendus "chefs-centres" RPT/UNIR qui organisent en toute liberté et en toute impunité des enregistrements frauduleux de mineurs et d'étrangers. Peu scrupuleux, ils interviennent dans les CLC et imposent leurs avis. De plus, pour pallier les manquements graves de la CENI, des CELI rajoutent dans la précipitation, par-ci par-là des kits, créent des CLC voire des CRV supplémentaires sans informer les partis politiques et les populations.

La cacophonie observée dans la première zone (ou zone 1 ou encore zone A), atteste de la mauvaise préparation des opérations et de la volonté manifeste de limiter autant que possible, l'inscription des populations de cette zone sur les listes électorales.

On croirait revivre les situations frauduleuses habituelles, où de tels dysfonctionnements relèvent de manoeuvres délibérément orchestrées par le régime en place pour gonfler ou minorer en sa faveur et sa guise, le nombre d'inscrits sur les listes électorales.

L'ANC invite la CENI à prendre la juste mesure de la situation qui s'empire sur le terrain et à reprendre le recensement électoral dans la zone 1 qui compte la majorité des populations togolaises ou à y proroger de manière conséquente le délai imparti, afin que toutes les togolaises et tous les togolais de cette zone qui le souhaitent, puissent s'inscrire sans entrave aucune sur les listes électorales.

En début d'année, le gouvernement, par la voix du chef de l'État, a annoncé sans grandes précisions, deux échéances électorales, les régionales et les législatives. Les régionales constituent la grande inconnue pour les populations togolaises qui n'ont jamais été appelées à un tel scrutin. Ce qui n'est pas le cas pour les législatives qui, d'après la Constitution, doivent se tenir au moins un mois avant la fin du mandat actuel des députés, soit au mois de novembre 2023, sauf accord politique de report consensuel.

Alors que la classe politique togolaise et tout particulièrement l'ANC ne cesse d'exiger une réforme complète du cadre électoral pour l'organisation d'élections justes et transparentes au Togo, le régime RPT/UNIR s'évertue à enliser les processus électoraux dans un statu que préjudiciable à tout scrutin puisque consubstantiel à la fraude électorale.

Ainsi, un découpage électoral inique est maintenu avec une disparité indue entre les électeurs. De sorte qu'aux législatives de 2007, le RPT/UNIR s'est attribué 50 sièges (sur 81), avec 900.000 voix tandis que l'opposition était créditée de 31 sièges avec 1.200.000 voix. Ce qui est une violation flagrante de la Constitution et du Code Electoral qui garantissent à tous les Togolais sans distinction, l'égalité devant la Loi et l'égalité devant le suffrage.

La prétendue correction apportée en 2013, n'a fait qu'accentuer la disparité. Si bien que chaque député du RPT/UNIR à l'Assemblée nationale est élu avec une moyenne de 14.000 voix alors que chaque député de l'opposition est élu avec une moyenne de 28.000 voix. C'est le découpage actuel.

Les griefs sont nombreux : bourrage d'urnes, renvoi des délégués de l'opposition des centres de recensement ainsi que des bureaux et centres de vote, divers abus d'autorité avec usage de la violence, utilisation abusive des votes par procuration et par dérogation, proclamation de résultats fantaisistes, préfabriqués, sont autant de travers qui doivent trouver des solutions afin de garantir un processus électoral acceptable.

Le régime RPT/UNIR a toujours balayé du revers de la main, toutes les observations de bon sens susceptibles d'améliorer au plan technique, juridique et opérationnel, l'organisation des élections au Togo. Le dernier courrier en date, adressé par le Président Jean Pierre FABRE au chef de l'Etat togolais, le 24 mars 2023, sur la mise en oeuvre des réformes électorales, est demeuré sans suite.

La communauté internationale, hier plutôt attentive et même scrupuleuse, a décidé de fermer les yeux sur les graves dérives des autorités togolaises en matière de découpage électoral et d'organisation des élections. Ce que la population, notamment la jeunesse, considère comme un soutien délibéré à la dictature et à la mal gouvernance.

Comment ne pas comprendre alors la population qui manifeste son rejet de la communauté internationale, notamment l'Occident, qu'elle désigne à tort ou à raison comme le protecteur du régime dictatorial en place au Togo ?

Devant les manceuvres sibyllines du gouvernement, l'impréparation manifeste des élections par la CENI et la caution tacite de la communauté Internationale au régime, l'ANC appelle toute l'opposition à se joindre à elle pour réclamer d'une même voix, les meilleures conditions d'organisation des élections.

En appelant solennellement le gouvernement, la CENI, et la communauté intemationale à se ressaisir pour ceuvrer à la transparence des prochaines élections qui, pour une fois, doivent respecter les standards internationaux, l'ANC demande résolument à toutes les populations togolaises en âge de voter, de s'accrocher obstinément aux CLC de leurs lieux de résidence, pour s'inscrire sur les listes électorales, pour obtenir leurs cartes d'électeurs et, le moment venu, pour voter avec confiance, les candidats du changement, les candidats de l'ANC.

Il est temps d'organiser au Togo des élections propres. Il est temps de constituer au Togo un fichier électoral fiable issu d'un recensement électoral exemplaire. Il est temps d'établir un découpage électoral équitable reflétant l'égalité des voix des électeurs, un homme, un vote, comme consacré par le Code Electoral et la Constitution de la République togolaise. Il est temps de mettre fin à la fraude électorale à ciel ouvert dans notre pays le Togo.

Fait à Lomé le 04 mai 2023

Le Bureau National

Maitre AMEGANVI Manavi Isabelle

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