Madagascar: Tendance et mode - Le mythe de l'uniforme militaire

Porter un treillis est proscrit par la loi à Madagascar, c'est incontestable. Mais, arrêter une célébrité qui se déguise en soldat est condamnable... selon les fans de celui-ci.

Chacun perçoit à sa façon la tenue de combat des militaires. À la campagne, elle sert à terroriser les ruraux alors qu'en ville, elle séduit, un effet de mode, car depuis toujours, les anti-systèmes et les anticonformistes la portent. Le vert kaki est synonyme de la lutte contre les oppresseurs. Craignant l'insécurité causée par les imposteurs, les forces de l'ordre ont pris une décision draconienne afin de les neutraliser. Une réaction tout à fait compréhensible, puisque la plupart du temps, dans les endroits isolés, les malfaiteurs revêtent l'uniforme pour accomplir les braquages.

Le treillis, jusqu'ici, est le symbole du pouvoir en Afrique et à Madagascar, en particulier. La raison pour laquelle le mot fanjakana est attribué aux hommes coiffés de képi. En les voyant défiler le jour de la fête nationale, les enfants rêvent de grandes foulées en tenant une kalachnikov à la main. Mais, au fil du temps, le métier n'est plus aussi attractif pour diverses raisons.

En outre, les avis divergent sur l'uniforme tant convoité depuis ces deux derniers jours. Sur le réseau social Facebook, le défi est lancé. Des photos de jeunes en tenue militaire de corvée inondent le fil d'actualité. Les commentaires pleuvent. Tous apportent leur soutien à l'artiste arrêté à Itaosy, le 3 mai dernier, pendant que d'autres diffusent l'image d'intendants civils adoptant le même style vestimentaire...

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Buzz ou pas, le chanteur marque un point bien qu'il ait présenté ses excuses en direct sur sa page Facebook. Il voit sa cote de popularité grimper. Oui, en hissant le drapeau blanc, il a gagné la guerre.... Le business des célébrités malgaches repose sur les médias sociaux. Donc, il faut être sur ses gardes et très attentif pour déceler la séparation entre les fake-news et la vraie information dans une jungle numérique comme celle qui prévaut dans la Grande Île.

La population malgache, de son côté, est fatiguée du train-train quotidien. Taraudée par la crise post-Covid, le seul moyen qui lui semble efficace est de déverser sa colère sur les autorités via les réseaux sociaux, parce qu'elle n'a plus la force de manifester dans les rues où l'odeur de l'ammoniac se fait sentir derrière les vieux bâtiments de la Capitale. Si jamais il y a une grève, ce n'est pas la fumée suffocante des bombes lacrymogènes qui les fera s'évanouir, mais la puanteur de l'urine. Cet environnement malsain provoque également la nervosité. Il faut tout de même le dire, l'administration municipale fait de son mieux, quoique les ordures fassent partie du quotidien. Les relents piquent plus le nez que le test Covid...

L'artiste s'est peut-être trompé de date. Son émancipation a coïncidé avec la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. Il aurait sans doute dû attendre la journée mondiale de la liberté de se vêtir. Oui, les citoyens sont libres de porter, de choisir leurs vêtements, mais pas ceux des "troupiers".

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