TUNIS/Tunisie — Les 5 et 6 mai 2023, l'écrivain et romancier, natif de Dar Chaabane el Fehri (Nabeul), Hassanine Ben Ammou et son oeuvre littéraire sont le centre d'intérêt du colloque Mahjoub Ayari pour le livre et la littérature qui se tient dans sa deuxième édition à l'initiative de la délégation régionale aux affaires culturelles de Nabeul, durant ces deux jours à la Bibliothèque régionale de Nabeul.
En consacrant le thème du colloque "Entre le fictif et l'historique dans l'oeuvre de Hassanine Ben Ammou", les organisateurs ont sélectionné comme exemple trois de ses romans à savoir "El Karroussa", "Bab Allouj", et "Rahmana" dont il présentera la version française le 6 mai au Palais des expositions du Kram dans le cadre de la 37ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis (FILT, 28 Avril-7 Mai 2023).
La fiction historique dans le roman, un genre narratif de prédilection
Hassanine Ben Ammou, également artiste peintre, est considéré comme l'un des grands romanciers spécialisés dans le genre historique. Il a à son actif plusieurs ouvrages qui ont permis d'enrichir la documentation sur l'histoire de la Tunisie rédigés dans un style attrayant et léger.
Il a choisi le roman comme genre narratif pour raconter l'histoire médiévale et moderne de la Tunisie, ce qui a fait de lui un auteur de langue arabe distingué sur la scène littéraire tunisienne.
Plusieurs de ses récits inspirés de faits et de personnages historiques ont trouvé leur place dans les colonnes des journaux pour en faire une rubrique quotidienne depuis 1984 avec notamment « EL MAMLOUK en 1814 » : récit sur le ministre Youssef Saheb Ettabâa, un homme riche qui a fini de façon tragique, « QUITAR AL DHAHIA » (suburb train- le train de la banlieue) : un roman dont les événements se sont déroulés en 1950 au niveau du train la Goulette la Marsa.
Parmi ses ouvrages connus et qui seront au coeur des débats lors de ce colloque, figure « AL KARROUSSA » (la calèche) sous forme de nombreux contes inspirés de plusieurs déambulations dans la Médina de Tunis. Ce roman a été récompensé par le prix littéraire Ali Balhouane de la ville de Tunis en 1999. Dans « BAB AL ÄLOUJ » paru en 1988, il revient sur les événements en pleine apogée de l'état hafside et surtout durant la période 1415-1450.
Publié dans sa première édition en 2002, « RAHMANA » paru aux Editions Arabesques est un retour sur la période de la conquête de Tunis de 1535 qui oppose les troupes de Kheireddine Barberousse et celles de l'empereur de l'Espagne, Charles Quint, suite à la demande en aide du sultan hafside Abou Abdallah Mohamed V al Hassan.
L'auteur enchaîne avec « Bab El Falla » en 2005, pour aborder la fin du règne des hafsides (1560-1574) et de l'occupation espagnole et le début du pouvoir ottoman à Tunis. Ce livre a décroché un prix COMAR 2006.
L'histoire des mauresques a été abordée dans « Al Moureskia" où il évoque la souffrance de morisques musulmanes à Valence et leur expulsion en 1609. Une oeuvre qu'il complète en deuxième tome avec "El Andalousia"
S'intéressant aux grandes figures tunisiennes, le romancier publie « Al Ghouroub Al Khaled » en 2006, une sorte de biographie de l'érudit Abderrahmen Ibn Khaldoun, un ouvrage qui lui a valu le grand prix de la fiction tunisienne en 2007.
L'un des ouvrages ayant fait parler de lui dans la presse d'expression arabe surtout « Al Kholkhal » (the Anklet), son sixième roman en 2010 depuis les années 80 où il revient sur des événements réels, historiquement non vérifiés, qui se sont déroulés entre l'armée du Bey et les Bédouins lors de la collecte des impôts à l'époque.
Des récits reproduits par la radio et la télévision
Le parcours de « Hajjem Souk El-Blat » (the barber of Souk El Blat-Le coiffeur de Souk El Blat) qui s'articule autour d'événements réels de ce qui s'est passé après le révolution d'Ali Ben Ghdhahem en 1864 , est assez exceptionnel dès lors qu'il a servi pendant cinq ans de rubrique permanente dans le supplément culturel du journal en langue arabe "Al-Sahafa", jusqu'à ce qu'il décide de le rassembler dans un livre d'environ un millier de pages.
Son roman historique "Am al fzou 1864" (Année de la peur) publié en 2018 et dont l'écriture a débuté en 2012, était au départ un projet cinématographique, dont le scénario portait sur la vie de Ali Ben Ghdhahem, mais le projet n'a pas pu voir le jour pour différentes raisons. Avec une description minutieuse des faits et gestes, comme si l'écrivain portait une caméra pour faire voyager son lecteur d'un lieu à un autre, Hassanine Ben Ammou et devenu au fil de ses écritures un véritable spécialiste dans les romans avec pour toile de fond diverses périodes de l'histoire de la Tunisie.
Ses oeuvres ont été reproduites pour être réadaptés à la télévision et à la radio. Ainsi "Forsen Al Sarab" a été une source d'inspiration pour une série télévisée présentée en trente épisodes. Idem pour « Bab Al-Aluj » ( ou porte des Renégats », traduit vers le français par Ahmed Gasmi et paru aux Editions Arabesques en 2019). « Rahmana », « Bab Al-Fella », « Al-Moorskiya » et « Al-Mamlouk » ont été réadaptés en séries radiophoniques.
Au-delà de la plume, Ben Ammou trouva refuge dans le pinceau pour réaliser des oeuvres d'une autre dimension. Ses débuts furent dans les années 70 avec une première exposition en 1972 au centre culturel américain avant de prendre part en 1973 au salon privé de la Goulette. Sa deuxième exposition a été à l'occasion de l'ouverture en 1974 de la première édition du festival portant le nom de l'écrivain tunisien Mohamed Bachrouch à Dar Chaabane El Fehri où il est d'ailleurs né le 5 mars 1948. Après une longue absence du monde de l'art plastique, il signe son retour en 2009 avec une exposition personnelle au Centre culturel El Menzah 6....et résume son expérience en 51 toiles...