Soudan: « 70% des hôpitaux sont fermés à Khartoum »

Une vue aérienne des combats et de la violence qui ont éclaté à Khartoum, au Soudan.
communiqué de presse

Les affrontements au Soudan perdurent et les équipes de Médecins Sans Frontières tentent toujours de soutenir les hôpitaux encore ouverts. Alors que la capacité d'offre de soins décline, les blessés affluent et l'état de santé des plus vulnérables, comme les malades chroniques et les femmes enceintes, se dégrade faute d'accès aux centres de santé.

Avant même le début du conflit, le système de santé soudanais était défaillant en raison du manque de financement, d'approvisionnement et de ressources humaines. Mais aujourd'hui, c'est encore pire, il se retrouve dans une situation alarmante. « À Khartoum, 70% des hôpitaux sont fermés et il est difficile d'accéder à ceux encore ouverts, témoigne le docteur Khalid Elsheikh Ahmedana, coordinateur médical de MSF sur place. Certains patients ont été transférés vers des hôpitaux plus éloignés des combats. Ils sont considérés comme plus sûrs mais se retrouvent à leur tour dans une situation critique face à l'afflux de patients.»

Donations à 5 hôpitaux de Khartoum

Dans la capitale soudanaise, une large partie du personnel de santé est, comme le reste de la population, prise au piège par les combats et se trouve dans l'incapacité d'apporter des soins. Dès lors, la pression sur les hôpitaux ne cesse de s'intensifier et certains font face à une pénurie de médicaments. Dans ce contexte extrêmement tendu à Khartoum, les équipes MSF sont parvenues, depuis le 23 avril, à faire des donations médicales à cinq établissements de santé dont celui d'Al-Turki, qui a dû, en quelques jours, réorienter ses activités médicales.

« L'hôpital Al-Turki était spécialisé en obstétrique et gynécologie, mais en raison de la situation actuelle, les équipes ont été obligées de se mettre à faire de la chirurgie, explique le docteur Khalid Elsheikh Ahmedana. Lors de notre visite, nous avons observé qu'elles ont ajouté environ 20 à 30 lits pour les blessés de guerre chirurgicaux. Trois jours avant notre arrivée, l'hôpital avait reçu une soixantaine de patients et il y a eu trois décès. En fonction de la violence environnante, l'hôpital fait environ cinq à huit interventions chirurgicales par jour. La plupart des médecins qui travaillent dans les hôpitaux sont des bénévoles : chirurgiens, médecins, infirmières, certaines personnes de la communauté tentent d'aider l'hôpital. Certains étudiants en médecine vivant à proximité de la zone aident aux urgences. »

Les victimes « indirectes » du conflit

Au-delàs des personnes blessées qu'il faut prendre en charge, il y a également les victimes « indirectes » du conflit, celles et ceux qui n'ont pas accès aux établissements de santé, aux soins et aux médicaments appropriés : « C'est par exemple très difficile pour les gens atteints d'insuffisance rénale, explique Khalid Elsheikh Ahmedana. A l'hôpital Al-Turki, il y a 17 machines de dialyse mais il a fallu revoir à la hausse leur capacité pour faire jusqu'à 102 séances par jour. La situation est tout aussi délicate pour les personnes ayant des problèmes cardiaques, psychiatriques, des cancers, pour celles atteintes d'hémophilie ou de diabète. »

La santé des femmes enceintes et des nouveau-nés est également particulièrement inquiétante. « À l'hôpital Al-Turki, le service néonatal a dû fermer pour cause d'incapacité. Parfois, un spécialiste de l'obstétrique est obligé de couvrir les besoins de médecine interne. Les gens essayent de créer des réseaux avec WhatsApp pour mettre en contact des femmes avec une sage-femme dans leur région afin qu'elles puissent accoucher chez elles. Nous ne savons pas si elles disposent du matériel complet pour réaliser des accouchements proprement et en toute sécurité. Cela pose problème en cas de complication, ou pour les femmes ayant besoin d'une césarienne », poursuit le coordinateur médical.

Risques d'épidémies

Les pénuries d'eau et la dégradation des conditions d'hygiène aggravent la situation et augmentent les risques d'épidémie. « Il y a des cadavres dans la rue. Il n'y a plus de gestion des déchets, les ordures s'accumulent. Il y a des mouches et des moustiques. Telle est la situation générale, sachant que le paludisme et la dengue étaient déjà présents dans le pays avant le conflit... », rappelle Khalid Elsheikh Ahmedana.

Les équipes MSF restent en contact permanent avec plusieurs structures hospitalières de Khartoum et des associations médicales soudanaises, pour continuer à évaluer les besoins dans le but de faire de nouvelles donations et de redéployer du personnel médical.

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