C'est le sacre d'un fils d'Afrique, plus que de son pays d'origine, le Cameroun. Le sacre d'un jeune homme arrivé au basket seulement à l'adolescence, mais bourré d'un immense talent qu'il expose nuit après nuit sur les parquets de la prestigieuse NBA, le plus grand championnat de basket au monde.

Joel Hans Embiid, surnommé « The process », né le 16 mars 1994, à Yaoundé, au Cameroun, est donc devenu à 29 ans le deuxième Africain de l'histoire désigné meilleur joueur (MVP) de la saison régulière en NBA, après le Nigérian Hakeem Olajuwon consacré en 1994 (année de naissance d'Embiid).

La troisième fois aura finalement été la bonne pour le pivot des Sixers de Philadelphie, finaliste dans cette course au trophée, nouvellement baptisé « Michael Jordan », en 2021 et 2022, à chaque fois devancé par Nikola Jokic. Cet accomplissement vient récompenser la progression constante d'Embiid, qui a fini meilleur marqueur du championnat lors des deux dernières saisons.

En 2022-2023, il a tourné à 33,1 points à 54,8% de réussite, 10,2 rebonds, 4,2 passes et 1,7 contre de moyenne, améliorant ses statistiques dans presque chaque secteur par rapport à l'exercice précédent. Au-delà des chiffres, il est récompensé pour son considérable impact sur les Sixers de Philadelphie, qui ont fini troisièmes de la saison régulière et sont encore en course pour remporter le titre de champion.

Une fierté nationale

A Yaoundé, sa ville natale, le nom de Joel Embiid est sur toutes les lèvres depuis sa consécration. Le « petit », comme on le surnommait affectueusement à ses débuts, « a atteint une autre dimension », s'exclame Roussel Alima, 40 ans, employé municipal et voisin de la famille Embiid à Damas, quartier chic de la capitale du Cameroun.

« C'est une très grande fierté pour nous, ses voisins », jubile Emmanuel Mitamag, 30 ans, ingénieur agronome et ancien camarade du basketteur au collège La Rosière, à Damas. Fils d'un colonel, Joel Embiid, issu d'une famille relativement aisée, rend particulièrement fier ses compatriotes.

Son entrée au palmarès de cette prestigieuse distinction consacre pour la cinquième année consécutive un joueur non-américain et prolonge l'hégémonie des intérieurs polyvalents, précédemment incarnée par Nikola Jokic et Giannis Antetokounmpo.

Le sacre d'Embiid, doublé à celui du Malien Adama Sanogo, champion universitaire (NCAA) avec l'université du Connecticut et désigné meilleur joueur du tournoi NCAA, montre que le continent africain regorge de nombreuses pépites qui ne demandent qu'à être mises en valeur pour briller aux yeux du monde.

Avec des politiques sportives ambitieuses et les moyens adéquats, l'Afrique ne serait pas simplement le réservoir dans lequel les autres continents viennent puiser les talents pour les faire éclore ensuite ailleurs.