Congo-Brazzaville: Michaël MBebélé - « C'est à la femme de faire valoir ses droits et de dire non à toutes propositions indécentes ... »

interview

Enfant, il s'était fait la promesse d'être dans le cinéma pour dénoncer toutes inégalités et injustices sociales. Quoi de mieux que la fiction pour le faire, vu que celle-ci lui donne la possibilité de créer ou d'imaginer un nouveau monde selon son inspiration ? Michael Richi M'Bebélé, auteur, réalisateur et acteur dont la devise est "Partir des ténèbres vers la lumière", nous parle de sa passion pour la fiction et de l'engagement de la femme dans le septième art. Interview.

Les Dépêches du Bassin du Congo ( L.D.B.C.) : Pouvez-vous nous parler de vos différentes réalisations ?

Michaël Richi M'Bebélé (M.R.M.) : J'ai à mon actif deux courts métrages et deux longs métrages. Le dernier en date est " Grave erreur 2" , une suite logique et cohérente de " Grave erreur 1 ». C'est un film qui traite des conséquences d'une blague perverse dénommée "Le choc émotionnel", créée par deux meilleurs amis, Fred et Hervé, pour lutter contre l'ennui à l'époque où ils sont tous les deux étudiants au Maroc. En toile de fond, ce film traite de la nature humaine...

L.D.B.C. :Quels messages apportent vos réalisations ?

M.R.M.: Ce sont des films avec un fond "moralisateur". Je me suis assigné la mission d'apporter une lueur d'espoir dans chacune de mes réalisations car le monde dans lequel nous vivons est en perte de repères, il chavire complètement. Quand je fais un film, je m'arrange à peindre l'homme sous une meilleure couverture. En lui, il y a le bon mais aussi le pire. Mon leitmotiv est de faire que la lumière triomphe toujours sur les ténèbres. Ça va plus loin car elle définit même ma démarche artistique.

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L.D.B.C. : Quelle est la place de la femme dans vos différents projets ?

M.R.M. : Je dois avouer que je n'ai pas encore abordé la question de la femme de manière profonde, avec tous les mouvements qui se mettent en place tels que le féminisme, la parité, l'égalité des chances... Je ne travaille pas sur des stéréotypes, je ne veux pas non plus la mettre dans un moule. Ce qui est vrai, dans mes films, la femme n'est pas non plus une bénie oui-oui, c'est une personne qui réfléchit et porte la casquette d'une femme intelligente. Les rôles de la femme, " sois belle et taies- toi", n'ont pas de place dans mes réalisations. Je veux que la femme et l'homme aient les mêmes chances à l'écran.

L.D.B.C. : De plus en plus de femmes se lancent dans le septième art. Ont-elles les mêmes chances de réussite, surtout que beaucoup sont parfois obligées de passer à la casserole pour obtenir un rôle ?

M.R.M : C'est malheureusement une épine dans le pied car cela peut empêcher certaines femmes cinéastes de s'épanouir et de s'accomplir. Je pense que c'est un comportement de lâche, l'homme et la femme ont les mêmes chances, l'essentiel est qu'ils aient les compétences requises. Ce que je peux recommander aux femmes, c'est d'être fermes et de croire en elles. Des femmes comme Liesbeth Mabiala, Divana Cate Radiamick et Armel Luyzo Mboumba (...) se battent dignement pour se faire une place au soleil. C'est donc à la femme de faire valoir ses droits et de dire non à toutes propositions indécentes de la part de ses collègues hommes.

L.D.B.C. : En définitive, c'est donc à la femme de se battre et de s'affirmer ?

M.R.M.: Totalement. On n"attend pas la liberté, on va la chercher ! Les hommes se confortent dans cette situation et ne lâcheront pour rien ce qu'ils ont acquis depuis des siècles devant le silence des femmes. C'est à elles de monter au créneau et de stopper ce phénomène. Mais attention à ne pas tomber dans l'extrémisme. Ces revendications devraient se faire avec les hommes, afin de décider quelle serait finalement la limite à ne pas franchir.

L.D.B.C. : Une question que nous n'avons pas abordée et qui vous tient à coeur ?

M.R.M.: C'est de tirer une sonnette d'alarme à l'endroit des pouvoirs publics qui ont la mission d'encadrer tout mouvement qu'il soit artistique, culturel, poétique. Il est primordial que les artistes aient un cadre de censure ou code de travail pour éviter que chacun fasse ce qui lui semble bon.

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