Afrique: Volker Perthes - 'Les armes doivent se taire au Soudan'

Dans une interview à la DW, l'envoyé spécial de l'Onu pour le Soudan et chef de la mission Unitams, Volker Perthes, met en garde contre une escalade du conflit.

Les combats continuent de faire rage entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti. Les deux hommes sont en guerre pour le pouvoir et ne montrent aucun signe d'apaisement malgré les menaces de sanctions américaines.

Dans cet entretien, Volker Perthes a insisté sur le travail difficile que font les Nations unies pour s'assurer que le conflit ne dure pas et ne déstabilise d'avantage la région : "Notre objectif aux Nations unies est d'empêcher exactement cela : qu'il y ait une longue guerre qui risque d'amener le pays dans l'abîme. La première étape doit être l'instauration d'une trêve ferme, pas seulement une déclaration de trêve, mais une trêve avec un mécanisme de surveillance. A partir de là, il doit y avoir une étape vers des pourparlers entre les parties en conflit dans l'espoir de former un gouvernement qui fonctionne dans un contexte plus stable."

Mais pour les renseignements américains, il faut s'attendre à un conflit long. Ils estiment que les deux camps pensent pouvoir l'emporter militairement et ont peu de raisons de venir à la table des négociations.

Le rôle des pays voisin

Pour ce faire, l'Onu compte beaucoup sur le soutien des pays voisins, comme l'Egypte et le Soudan du Sud.

"Pour une solution qui stabilise le pays, nous avons besoin de la contribution de ces pays voisins. Le Soudan du Sud a déjà joué un rôle très actif : le cessez-le-feu actuel, qui n'est pas respecté ou pas entièrement respecté, a été négocié par Salva Kiir, le président sud-soudanais. Pour l'Egypte aussi, le cessez-le-feu est la première étape pour mettre fin à la guerre", a déclaré l'envoyé spécial.

L'aide humanitaire est quasiment impossible dans les zones de combat, surtout que les aides des Nations unies sont souvent détruites ou emportées par les combattants.

"Là où nous pouvons travailler en ce moment, c'est dans les zones où il n'y a pas de combats, notamment dans l'est et dans le centre du pays. Il y a beaucoup de pression là-bas, aussi bien sur la population que sur les autorités parce que nous voyons beaucoup de mouvements de déplacés dans le pays", a expliqué Volker Perthes.

Il a déploré que : "Les entrepôts du Programme alimentaire mondial au Darfour ont été saccagés et si leurs entrepôts sont vides, ils ne peuvent pas distribuer d'aide. Plusieurs camions d'aide alimentaire en route vers le Darfour sont tombés dans des embuscades et ont été pillés."

Les chercheurs de fortune

Un autre phénomène soulevé par l'envoyé spécial au Soudan est l'implication de combattants venus des Etats sahéliens comme le Mali, le Niger ou le Tchad : "Je dirais des « chercheurs de fortune » et des mercenaires - et il y en a pas mal - pour soutenir l'une des parties belligérantes au Soudan, les FSR. Ce n'est pas une politique officielle de des Etats d'origine mais ce sont des gens qui essaient de trouver des opportunités dans la guerre civile au Soudan, souvent juste des opportunités pour voler ou pour s'enrichir."

Volker Perthes a en revanche affirmé ne pas être en mesure de confirmer l'implication de mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner dans le conflit actuel au Soudan. "Je n'ai aucune preuve concrète que des mercenaires Wagner aient été impliqués dans cette guerre. Je ne peux ni confirmer cela ni dire que ce ne serait pas le cas", a -t-il confié.

Au sujet du rôle de l'Egypte et du général libyen Haftar dans le conflit, il est resté très vague. Même si l'envoyé spécial reconnait que le général libyen soutient l'une des parties en conflit, c'est-à-dire les FSR de Hemedti, il estime tout de même que Haftar n'a pas de rôle décisif dans la guerre.

Volker Perthes a rejeté par ailleurs les critiques formulées à l'encontre de la politique occidentale au Soudan, des critiques selon lesquelles les Occidentaux auraient été dans le passé trop complaisants envers les deux généraux Burhane et Daglo (Hemedti), et auraient trop peu soutenu le mouvement démocratique.

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