C'est au cours d'un grand Kabary (assemblée populaire) à Mahamasina, le 1er mars 1835, que les messagers de Ranavalona Ire expliquent comment elle compte désormais gouverner. Après avoir précisé qu'elle est l'unique héritière d'Andrianampoinimerina et de Radama Ier et qu'il n'est aucunement question de changer les coutumes, Ranavalomanjaka profère des menaces. « Maintenant, si l'on songe à outrager les idoles, à traiter la divination d'enfantillage, et à renverser les tombes des Vazimba, sachez que je déteste cela », dit-elle.
S'adressant particulièrement aux étrangers, elle précise : « Ne le faites pas dans mon pays. Les idoles, dites-vous, ne sont rien. C'est pour elles que les Douze ont été établis et sont-elles changées maintenant pour n'être plus rien ? Vous agissez de même avec la divination, mais les tombes des Vazimba servent de garants à ces coutumes. Quand la souveraine elle-même les tient pour sacrées, ses sujets peuvent-ils les compter pour rien ? C'est ici mon affaire, a dit Ranavalomanjaka, et je tiens pour coupable tout individu qui, dans mon pays, les détruirait. » Puis le message aborde le christianisme. « Quant au baptême, aux congrégations, aux lieux de culte distincts des écoles et aux observances du Sabbat, combien de maitres y a-t-il dans ce royaume ? N'est-ce pas moi qui seule gouverne ? Ces choses-là ne doivent plus avoir lieu, a dit Ranavalomanjaka.
Elles sont illégales dans mon pays, car elles ne sont pas les coutumes de nos ancêtres, et je ne change pas leurs coutumes, excepté pour les seules choses qui rendent mon pays plus prospère. » La reine ordonne ensuite à tous ceux qui sont coupables, de se présenter en diverses catégories, suivant la nature de leurs fautes, en s'accusant d'avoir été baptisé, ou d'être membre de l'Église, ou d'avoir appris à lire aux esclaves. Elle donne alors un délai d'un mois à tous pour aller trouver les fonctionnaires et pour se confesser. « La peine de mort était prononcée contre tout individu qui cacherait sa faute et serait accusé par d'autres. » Berthe Raharijaona indique que, de ce discours lourd de menaces et que l'on peut considérer comme un « Acte d'accusation», il découle que la reine est un monarque absolu qui a droit de vie et de mort sur ses sujets. L'avocate souligne aussi son caractère politique, car il révèle que le christianisme est jugé anti-gouvernemental donc interdit. Elle parle ensuite de deux actes additionnels.
En effet, le lendemain matin, le 2 mars 1835, l'ordre est donné au peuple de se rassembler une deuxième fois, mais à Ambatonakanga. À cette occasion, les messagers de la reine lui fait savoir que le délai accordé pour s'auto-accuser est ramené « d'un mois à une semaine », mais qu'il y a des exceptions. Et le lundi 9 mars, un troisième kabary rassemble le peuple resté à Antananarivo, qui vient écouter les sanctions que Ranavalomanjaka lui réserve. Un grand nombre d'officiers sont dégradés ainsi que douze directeurs d'écoles. Quant au peuple, il est condamné, chacun, à une peine d'amende d'un boeuf et d'une piastre. Il est également rappelé qu'il est interdit d'instruire les esclaves sous peine de mort.
Enfin, la reine annonce que les seuls cultes autorisés sont ceux dédiés aux Douze souverains, à la Terre, au Ciel, à la Lune, aux Douze montagnes sacrées, aux idoles Kelimalaza, Fantaka, Manjakatsiroa. Quant aux livres pieux, ils doivent être remis aux fonctionnaires. Les amendes payées, chacun rentre dans son foyer, et « la reine, triomphante, pensa que l'affaire des faiseurs de baptême pouvait être considérée comme classée ». Il n'en est rien.
Les chrétiens se cachent dorénavant et Rasalama fait comme beaucoup d'entre eux. Elle ne se dénonce pas, elle ne renonce pas à sa foi. Dans les environs de son village (aujourd'hui quartier) de Manjakaray, elle fait la découverte d'une grotte. C'est là qu'en grande cachette, elle peut prier avec quelques coreligionnaires, chaque fois que les circonstances le permettent. Malgré une perpétuelle menace d'être découverte, elle peut mener une vie relativement tranquille jusqu'en 1837.