Ile Maurice: Saisie de 10kg de poudre blanche - Vimen Sabapati est-il un trafiquant ?

analyse

Entre coach de muay thaï et ancien garde de sécurité rapprochée de l'ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, ce businessman a été arrêté pour trafic de drogue présumé. Sa famille n'en revient et son frère raconte son parcours.

Dix kilos de poudre blanche soupçonnée d'être de la drogue retrouvés dans son 4x4 Raptor, Vimen Sabapati est arrêté pour trafic de drogue par la Special Striking Team, le mercredi 4 mai. Les policiers saisissent à la fois une somme de Rs 27 000 dans sa voiture. Une charge provisoire de trafic de drogue est ainsi retenue contre lui. Onde de choc pour sa famille. «Vimen pa enn dimounn koumsa et pourquoi lui ?», se demande son frère Ramen. Celui-ci explique que depuis quelques semaines des vidéos de lui circulaient sur les réseaux sociaux le montrant avec des barons de drogue et sa proximité avec d'anciens membres de la brigade antidrogue (ADSU). Qui en veut donc à sa peau ? D'ailleurs, il avait consigné une precautionary measure au poste de police de Vacoas où il habite, il y a deux ou trois semaines, nous dit-il.

Ramen Sabapati, nous explique le parcours de son frère Vimen. «Mon frère a débuté dans le sport depuis qu'il a 16 ans. C'est quelqu'un de très concentré, quand il se met en tête d'atteindre son objectif, il le fait et personne ne peut l'arrêter.Il a toujours été discipliné dans la vie. Il a pratiqué la boxe, le kick-boxing, le muay thaï et le taekwondo. Il a été conquis par ce monde dès son jeune âge.»

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Mis à part le sport, il gère un business de restauration, nous dit-il. Son frère est un dévoué, un passionné. «Il a fait ses passages de grade au niveau du taekwondo, il a reçu ses certificats de la Thaïlande au niveau du muay thaï. Il entraîne nombre de jeunes qui montent pour des compétitions à l'international dans cette discipline. Il n'a pas sa propre salle d'entrainement mais il le fait dans plusieurs centres de Fitness à travers l'ile.»

Vimen Sabapati a été nommé entraîneur national de la Fédération Mauricienne de muay thaï, mais n'a passé que 10 mois à ce poste avant de claquer la porte, ayant fait comprendre qu'il oeuvrait aux côtés de personnes qui n'ont pas une grande vision pour cette discipline. Ce passionné de sports de combat a été officiellement désigné en octobre 2023, par la World Muaythai Organisation pour promouvoir, pratiquer, organiser les compétitions par le président de la WMO Associate Senior Grand Master, Chinawut Sirisompan en Malaisie.

Quand les élèves ne croient pas que leur coach est un dealer de drogue

Nombreux étaient ses élèves en muay thaï, qui, choqués par cette nouvelle, voulaient se rendre en cour pour voir leur coach mais avec du recul, ils ont freiné le pas en attendant que la justice suive son cours. «Nous n'arrivons toujours pas à croire ce qui est arrivé à notre coach.»

Un jeune professionnel de 28 ans habitant de Quatre-Bornes qui a été son élève a témoigné dans l'anonymat. «Je l'ai connu sur les réseaux sociaux, mon objectif en m'entrainant c'est pour perdre du poids. Cela fait six mois de cela que j'ai arrêté. J'ai pratiqué le muay thaï au niveau amateur pour la forme. Quand je suis allé le voir pour débuter ce sport, il m'a encadré. Il m'a donné de bons conseils au niveau de l'entraînement et de l'alimentation sur lequel il est très pointilleux. Il est à l'écoute de chacun de ses élèves individuellement car chacun a un objectif précis afin de pratiquer de ce sport.»

Le jeune homme ajoute qu'a aucun moment, le coach n'a donné l'impression d'être dans le milieu de la drogue. «Très humble, et trempé dans la drogue ? Ca me chiffonne car ce n'est pas un aspect de lui que je connais. C'est quelqu'un qui oeuvre pour les jeunes dans les cités, il achète des équipements pour qu'ils puissent s'intégrer dans le monde sportif au lieu de tomber dans le fléau de la drogue.»

Il est surpris car Vimen Sabapati est un homme au grand coeur qui oeuvre pour le social et il ne le fait pas seul. «Depuis 2015, lui et ses amis qui travaillent comme gardes de sécurité ont mis cette profession (garde de sécurité) de côté et se sont tournés vers le social. Ils font beaucoup pour les gens démunis dans les cités en termes de livraison de nourriture. Il aide beaucoup d'enfants ainsi que les jeunes. Il nous encourage à faire de même pour sortir des enfants de la pauvreté. Je me rappelle avoir contribué et nous nous étions rendus à cité Anoska et c'est là que nous avons pris conscience de la misère qui frappe beaucoup de gens.»

Vimen Sabapati a été le garde de sécurité rapprochée de l'ex Premier-ministre, Navin Ramgoolam, Il est à ses côtés depuis 1991. Selon ce qu'affirme le leader du Parti travailliste, qui déclare le connaître, il assure sa sécurité à titre bénévole. D'ailleurs, cela remonte à six mois depuis que ce dernier n'est fait plus partie du groupe de gardes qui assure sa sécurité lors de ses déplacements.

Des zones d'ombre qui attendent d'être résolus

Une vidéo, qui a fait le buzz le jour de son arrestation et a été en circulation sur les réseaux sociaux, montre une voiture grise soupçonnée d'avoir une fausse plaque d'immatriculation. On voit un homme sortir qui arrête à côté d'un des véhicules de Vimen Sabapati et jette un colis sous le véhicule. Cette scène se passe devant chez lui à Vacoas un peu avant qu'il ne soit arrêté.

Que faisait cette voiture devant chez lui ? Pourquoi avait-il Rs 27 000 sur lui ? Nous nous sommes entretenus avec Me Siddharta Hawaldar son avocat qui nous explique que son interrogatoire se fera bientôt et que la vérité se fera connaître en temps et lieu. «D'ailleurs, mon client est confiant et serein. Nous attendions que les procédures après l'arrestation se fassent au niveau de la Special Striking Team comme les prélèvements d'ADN, etc. pour commencer à interroger mon client.»

Les opérations de la Special Striking Team

Il a été allégué que la PHQ Special Striking Team opérait selon une présumée hit-list où figurent des opposants du pouvoir. Allégation rapidement démentie par les Casernes centrales après la publication de ce document l'an dernier. On y retrouve les noms de Bruneau Laurette, Sanjeev Teeluckdharry ou certains journalistes. L'avocat Akil Bissessur accuse la SST d'avoir «planté» la drogue retrouvée au domicile de sa compagne.

D'ailleurs, c'est ainsi qu'ont commencé les allégations contre cette unité. L'autre cas, c'est Bruneau Laurette qui aurait aussi laissé comprendre que la drogue dans sa voiture aurait été «plantée». Lors d'une perquisition en octobre dernier chez la belle-famille de Me Sanjeev Teeluckdharry mais rien de compromettant n'a été retrouvée. L'avocat avait évoqué un acte d'intimidation. La belle-famille a envoyé une mise en demeure contre l'ASP Ashik Jagai lui réclamant des dommages de Rs 50 millions.

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