Ile Maurice: 50 ans après - Messe pour commémorer l'expulsion des Chagossiens

L’expulsion des populations autochtones des îles Chagos est un crime colonial persistant selon HRW.

Hier, cela faisait 50 ans depuis l'expulsion des Chagossiens de leurs îles pour être parqués à Maurice et aux Seychelles. Les souvenirs sont toujours présents pour ces personnes déracinées qui espèrent toujours retrouver leur terre natale. Pour commémorer cet événement, une messe a été dite par le cardinal Maurice Piat, hier, en l'église St François Xavier à Port-Louis. Une messe à laquelle assistait le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et son épouse, Kobita, la ministre de l'Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, le vice-président, Eddy Boissézon, et l'ancien président de la République Cassam Uteem.

Dans son homélie, le cardinal Piat a rappelé cet épisode noir de l'histoire des Chagossiens dont plusieurs pleurent toujours et gardent l'espoir de retrouver un jour leurs îles pour y cultiver, travailler et retrouver leur culture. Les personnes présentes ont été émues lors du chant Peros Vert entonné par les Chagossiens.

Olivier Bancoult a aussi pris la parole, rappelant l'importance du combat que mènent les Chagossiens pour retrouver leurs îles. Cette année, la commération sera marquée par plusieurs activités notamment les témoignages de quelques Chagossiens déportés qui militent toujours pour retrouver leurs îles.

Claudette Lefade : «On est toujours considérés comme des Tarzan»

50 ans ont passé depuis le déracinement des Chagossiens de leur île natale et leur déportation à Maurice. Les émotions sont toujours présentes et ils attendent toujours réparation. Hier, le Chagos Asylum People a tenu une conférence de presse pour «saluer le mois de mai» qui est un mois spécial pour la communauté chagossienne. «Souvenez-vous, le 27 mai, c'est le jour où les Chagossiens ont pris le bateau. Le mois de mai est un mois important pour nous et notre culture. C'est un jour de souffrance, un jour de déracinement qui nous a été imposé par le gouvernement anglais et le gouvernement mauricien. Il y a des gens qui disent que nous allons bien et qui ne pensent qu'à leur intérêt personnel», déclare Claudette Lefade. Elle fustige le manque de visibilité quant au mode de vie des Chagossiens.

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La présidente de Chagos Asylum People ajoute que plusieurs Chagossiens sont dans une situation de précarité et dépendent de la pension qu'ils touchent. «On attend une réponse pour pouvoir être présent dans les discussions en cours avec le gouvernement britannique au sujet de notre île. On attend toujours», déplore Claudette Lefade. «Nous sommes toujours considérés comme des Tarzan. Nous ne devons pas baisser les bras, nous devons poursuivre notre lutte. Nous disons non à ce système-là.»

Claudette Lefade se lamente que certaines personnes demandent à la communauté chagossienne d'oublier sa souffrance. Elle lance un appel à la troisième génération afin qu'elle se batte pour ses droits et sa dignité. Elle explique qu'une demande a aussi été adressée au nouveau roi Charles III. Elle concerne le droit de retour sur la terre natale, une compensation pour la souffrance du peuple chagossien et les £ 40 millions que les Anglais auraient promis à la communauté chagossienne. «Nous avons demandé les £ 40 millions qui nous avaient été promis. Nous n'avons pas de centre parce que nous ne sommes pas à la botte du gouvernement. Nous ne bénéficions pas du centre de Pointeaux-Sables car nous ne sommes pas avec Bancoult.»

Ali Ackburally, le secrétaire de Chagos Asylum People, souligne qu'il y a de moins en moins de natifs des Chagos et qu'ils n'ont aucune subvention du gouvernement. «Nous avons aidé plusieurs personnes à faire leur demande pour avoir le passeport britannique volontairement. Les Anglais continuent malheureusement à semer la division.» Claudette Lefade et lui attendent plus de reconnaissance pour la communauté chagossienne et la mémoire du peuple.

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