« La catastrophe naturelle qui a frappé le territoire de Kalehe était bel et bien prévisible et même évitable », a affirmé, ce samedi 6 mai, Ribogert Birembano Bahati, géographe et enseignant à l'Institut supérieur pédagogique de Bukavu (Sud-Kivu).
Pourtant, ajoute-t-il, un rapport portant sur le danger qui guette les habitants de cette partie du Sud-Kivu existe depuis dix ans.
« Le phénomène qui vient d'arriver dans Kalehe particulièrement n'est pas nouveau et ce n'est pas la première fois que cela arrive. Et c'est regrettable par ce que comme on avait déjà fait le rapport, il ne fallait pas qu'on revive la situation que nous sommes en train de vivre aujourd'hui ici », a déploré ce géographe.
Ce rapport avait été établi par un groupe de géographes et d'autres experts en environnement, après une étude menée sur l'écosystème de cette region.
« Il y avait beaucoup de bois au sommet des montagnes, les montagnes étaient boisées. Mais aujourd'hui avec des fortes pressions démographiques, la tendance est d'aller occuper ces espaces-là et les déboiser. Et avec les fortes pluies comme ce sont les pluies diluviennes surtout en ce début du mois de mai, il y a de fortes pluies, des dizaines de millimètres d'eau quand ça tombe dans une zone déboisée, il y a beaucoup de ruissellements, et ces ruissellements vont rejoindre les points les plus bas des bassins versants que nous appelons des rivières et des cours d'eau et il y inondations », a expliqué Rigobert Birembano Bahati.
Il estime qu'il faut penser à un réaménagement du territoire à travers la délocalisation de la population et le reboisement des collines :
« La toute première solution était de demander à la population de ne pas monter sur le sommet et le déboiser, mais l'idéal pour nous dans la partie Est de la RDC, et avec les fortes densités qui dépassent 400 habitant/Km2, serait de revoir notre aménagement du territoire, de créer des cités où on devait concentrer la population et de revoir dans quelle mesure les espaces qui restent le long du littoral pouvaient être occupés par les communautés locales ».