Cote d'Ivoire: La réconciliation nationale, avancées et défis

Depuis son élection en 2010, Alassane Ouattara a fait de la réconciliation un défi personnel. Progressivement, il a mis en place organes et institutions pour y arriver. A la suite de la présidentielle de 2020, Kouadio Konan Bertin a été nommé ministre de la réconciliation et de la cohésion nationale. Depuis, tout a changé. Il accumule des avancées, affronte les défis, veille à la stabilité. Le tout avec la volonté politique des protagonistes et le soutien indéfectible du gouvernement.

Deux grands événements et pas des moindres ont meublé le calendrier de la réconciliation en Côte d'Ivoire, le retour au pays de Laurent Gbagbo et celui de Charles Blé Goudé. L'ancien président et son ex ministre de la jeunesse étaient à la prison de La Haye en Hollande où ils étaient poursuivis par la Cour pénale internationale. Après leur libération, Alassane Ouattara a tout de suite affiché son souhait de les voir dans leur pays. Un rêve devenu réalité. Depuis, le ministère de la réconciliation mène un combat quotidien de proximité. Puisque dans le gouvernement de 2021, il s'agit d'un nouveau ministère, tout a été progressivement mis en place. Aujourd'hui, ce ministère tourne autour de la direction de la réconciliation mais aussi celui de la cohésion nationale. La récente nomination de Théodore Konimi à la tête du Programme national de la cohésion social est une marque de plus d'associer le social à la réconciliation. Mais en trois années, le ministère de la réconciliation a connu des avancées évidentes.

Avancées incontestables

Depuis, le Haut-commissariat de l'Onu pour les réfugiés a annoncé la fin d'ivoiriens contraints à l'exil dans le monde, un clin d'oeil aux actions du gouvernement qui a fait du retour des ivoiriens au pays une priorité. Plusieurs dizaines de milliers sont revenus du Ghana voisins, d'autres de l'Europe ou d'autres pays africains et même de l'Amérique et de l'Asie. Un retour massif favorisé par la crédibilité du processus en cours. A côté de ces retours, ceux symboliques de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé mentionnés plus haut. Des discussions sont encore en cours auprès de certaines célébrités notamment des artistes chanteurs dont Gadji Céli. Mais une chose est certaine, tout ivoirien qui décide de rentrer dans son pays n'a rien à craindre. En attendant, un travail de terrain pour maintenir la paix entre les populations se fait au quotidien par Kouadio Konan Bertin qui a renoncé à toutes ambitions politiques pour s'occuper de sa nouvelle mission. Au four et au moulin, il est devenu le symbole de ministre de proximité, une posture qu'adule cet homme politique du terrain. Conflits terriens, différends de frontières entres localités, conflits ethniques et fonciers, il s'occupe au quotidien de tout, du nord au sud du pays.

Défis inévitables

Ce processus en cours est confronté à des défis notamment politiques. Il y a des acteurs et protagonistes politiques qui, craignant que l'aboutissement du processus ne profite à l'action du président Ouattara, se donnent prudemment pour son succès. Il faut intégrer ce facteur ainsi que les problèmes idéologiques qui surgissent ici et là. Le plus grand défi est le pardon. Que chacun surmonte ce qu'il a pu vivre ou non pour aller de l'avant car tous les camps politiques, toutes les ethnies du pays ont été touchés par des violences et autres méfaits de la guerre. Il revient à chacun d'en tirer les leçons et de faire des concessions pour sauvegarder l'unité nationale longtemps prônée par Félix Houphouët Boigny. Le soutien du président Ouattara et sa sincérité vite devenus évidents ont facilité la mise en place du mécanisme. Il faut, en retour, la confiance des opposants, de la société civile et autres acteurs notamment la jeunesse. Face à ces défis, la méthodologie du ministère de tutelle est la proximité. « Il faut être à l'écoute de chacun et de tous où qu'ils soient » rappelle Kouadio Konan Bertin. Il faut surtout qu'il y ait des compromis de la part des leaders politiques pour ne pas tomber dans les mêmes travers. Le pays devrait faire face dans les prochaines années à plusieurs élections et celle, présidentielle de 2025 est dans tous les esprits. Pour éviter le recours des vieux démons, la volonté politique est indispensable.

Volonté politique inépuisable

Le tout est porté par une volonté politique inépuisable. Elle émane d'abord d'Alassane Ouattara, le chef de l'état qui aurait voulu d'un pays plus stable mais en a hérité un qui était sous tension volcanique. Il fallait sortir définitivement de la guerre civile, ce qu'il a vite réussi en engageant la Côte d'Ivoire sur la voie du développement. Le pays est en pointe dans ce domaine dans la sous-région. Mais la volonté politique d'Alassane Ouattara seule ne suffira pas, il faut celles de Laurent Gbagbo et d'Henri Konan Bédié, ainsi que celles de toutes les couches de la société. Le prochain défi de la réconciliation est la volonté. Pour le moment, elle est loin d'être gagnée.

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