L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a publié, jeudi, à l'occasion du Sommet mondial des arts et de la culture, un rapport qui appelle les Etats à renforcer la protection des professionnels de la culture dans les situations de crise.
Intitulé "Défendre les voix créatives", ce rapport recommande notamment la mise en place de mécanismes de suivi et de politiques d'aide d'urgence pour les artistes, indique un communiqué de l'UNESCO, annonçant également un nouvel investissement d'un million de dollars pour financer des projets soutenant la liberté artistique dans plus de vingt-cinq pays.
La nouvelle publication de l'UNESCO souligne que les situations de crise - telles que les conflits armés, les désordres politiques ou les catastrophes naturelles - exacerbent les vulnérabilités déjà existantes des professionnels de la culture. "Les artistes se voient confrontés à de nombreuses menaces, dont le harcèlement en ligne et hors ligne, la perte soudaine de revenus, les poursuites judiciaires, la violence, la censure, jusqu'au fait d'être réduit au silence, et ils n'ont souvent pas les filets de sécurité minimaux en raison de la précarité de leur statut", observe l'Organisation basée à Paris.
Le rapport recommande que la communauté internationale développe une assistance sur mesure pour protéger et promouvoir la liberté artistique lors des situations d'urgence. Cette assistance serait basée sur l'expérience acquise par l'UNESCO dans la protection des artistes durant des conflits. Elle pourrait aussi s'appuyer sur les bonnes pratiques constatées pour la liberté de la presse - pour laquelle un plan d'action dédié est mis en oeuvre par l'Organisation depuis plus de dix ans.
Le rapport propose notamment un suivi par les Nations unies de la liberté artistique en situation d'urgence, reconnaissant les artistes comme un groupe vulnérable qui nécessite une attention particulière, un plan d'actions collaboratif pour la sécurité des artistes, la protection de leurs oeuvres et des lieux culturels, en situation d'urgence, et la formation des acteurs judiciaires et juridiques pour mieux protéger les artistes par le biais d'enquêtes et de poursuites, relève la même source.
"Les exemples récents ont démontré l'importance de mesures d'urgence concrètes, telles que l'organisation de formations sur la liberté artistique, la mise en place de résidences artistiques et d'aides financières temporaires pour les professionnels de la culture, la délivrance accélérée de visas, ou encore de prioriser les artistes dans les plans d'évacuation et de réinstallation", note le communiqué.
Afin d'améliorer la résilience des artistes face aux situations d'urgence, le rapport recommande également d'établir sans attendre des cadres réglementaires renforcés, avec une meilleure reconnaissance juridique du statut de l'artiste.
Dans ce domaine, l'UNESCO annonce qu'elle va mobiliser un million de dollars supplémentaires - issus du Programme UNESCO-Aschberg - pour financer des projets dans plus de vingt-cinq pays. Treize d'entre eux seront menés par des gouvernements, les douze autres par des ONG.
Les gouvernements bénéficieront d'une assistance technique pour élaborer des lois, des réglementations et des politiques en faveur de la liberté artistique, d'une rémunération décente et d'un statut amélioré des artistes et professionnels de la culture. "Les pays bénéficiaires seront l'Argentine, le Chili, la Côte d'Ivoire, le Djibouti, le Ghana, le Kenya, le Malawi, la Mongolie, la Namibie, le Niger, le Sénégal et le Zimbabwe, ainsi que les pays membres du CCCE-SICA (le Bélize, le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Panama, et la République dominicaine)", précise la même source.
Et d'ajouter que les organisations de la société civile bénéficieront d'une aide financière pour entreprendre des actions de formation, de plaidoyer, de suivi et de recherche sur la liberté artistique et le statut d'artiste.