Alors qu'entre 20 000 et 30 000 soudanais fuyant les combats se sont réfugiés à l'extrême est du Tchad, les prix flambent sur les marchés. Car dès l'éclatement du conflit, Ndjamena a décidé de fermer sa frontière avec le Soudan, et si un corridor humanitaire reste ouvert pour laisser passer les civils, les transports de marchandises ont eux interdiction de traverser. La région est pourtant principalement approvisionnée depuis le Soudan.
Au marché de Farchana, petite bourgade à 50 km de la frontière soudanaise désormais fermée, tout augmente. Dingamnoudji Mbairade remplit le réservoir de sa moto pour aller travailler : « Ici, l'économie tchadienne est alimentée beaucoup plus par le Soudan. Et lorsque cette crise est arrivée, tout a grimpé : que ce soit le carburant, que ce soit les aliments, tout a augmenté. »
La vendeuse de légumes - Zenaba - s'approvisionnait jusqu'ici de l'autre côté de la frontière : « La majorité de mes produits viennent du Soudan, viens, regarde, je te montre ! Avant le sac d'oignons ça coutait 10 000 [francs CFA], maintenant c'est 20 000, cela a doublé ! Et les pommes de terre, c'est pareil, on ne peut même plus en trouver. »
Il lui faudra désormais s'approvisionner dans la ville Abéché. Mais pour les produits manufacturés, c'est une autre histoire : « les pâtes, la farine, les biscuits, tout cela vient du Soudan », explique Gassi Mahamat Abakar.
Le boutiquier décharge ses derniers stocks et raconte : « Le problème c'est qu'ils ont incendié les entrepôts au Soudan, les marchandises ont brûlé. Il y en a d'autres qui ont été pillés. Je te jure, vraiment, il n'y a plus de sécurité là-bas. Les importateurs n'acheminent plus de marchandise, tout est bloqué. »
Les importateurs cherchent à se tourner vers la Libye, le Cameroun ou le Niger, soit des routes beaucoup plus longues et beaucoup plus incertaines.