Sénégal: Economie sociale et solidaire - Mansour Ndiaye plaide pour un Conseil national de l'économie solidaire

La ville de Dakar abritait du 1er au 6 mai 2023, la 6e édition du Forum mondial de l'économie sociale et solidaire.

Une première en Afrique, pour une ville comme Dakar, d'expérimenter le phénomène qui se repose sur trois piliers essentiels, notamment, l'équité, la solidarité et l'utilité sociale. Ainsi, dans le cadre du prolongement de cette rencontre, Mansour Ndiaye, expert en microfinance et président de Doolel Yaakaar, pense que, le Sénégal va mettre en place un conseil national pour l'économie sociale et solidaire, afin d'impulser d'autres dynamiques pour l'avenir. Il était l'invité de l'émission Objection de ce dimanche 7 mai 2023, sur SudFm (radio privée).

Mettre en place un Conseil national de l'économie sociale et solidaire pour ancrer le phénomène dans nos pratiques quotidiennes, c'est la décision qu'attend de l'Etat du Sénégal, l'expert en microfinance, Mansour Ndiaye, dans le cadre du prolongement de la rencontre de Dakar. Invité d'Objection de Sud Fm hier, dimanche, le spécialiste dira : « Je pense que la rencontre de Dakar ne va pas se terminer sans que le Sénégal ne mette en place un Conseil national pour l'économie sociale et solidaire. Un organe, qui au moins va continuer à planifier, à mettre en oeuvre, à évaluer, à impulser d'autres dynamiques pour l'avenir. » Et de poursuivre : « Tous les pays l'ont fait. Et, ça permet en fait, de ramasser dans le même sillage toutes ces expériences qui ont été très positives. Aujourd'hui, dans le monde actuel, les gens ont compris que la pratique financière n'est pas simplement dévolue par les banques ».

Invité cependant à répondre sur la liaison entre l'économie solidaire et la finance islamique, il souligne : « La finance islamique s'incruste judicieusement dans ce qu'on appelle l'économie sociale solidaire. La finance islamique présente des instruments et mécanismes qui, d'un point de vue de leurs approches, de leurs modes opératoires sont très adaptés en fait aux principes et aux piliers de l'économie solidaire. La finance islamique dit, on partage les pertes et les profits. Il n'y a plus équitable que ça. Une institution me finance mais on partage les pertes et les profits. »

S'agissant des conditions d'accès à ces financements qui, aux yeux de certains, ne sont pas une chose aisée, il dira : « A mon avis, la voie réside dans le fait qu'aujourd'hui, nous devons faire un travail de dépouillement, pour dépoussiérer la chose pour reconsidérer ce qu'est l'économie sociale et solidaire et puis essayer d'impulser l'ensemble de ces organisations et les faire interagir». Parlant de la pertinence de l'économie sociale et solidaire, il expliquera : « La pertinence, c'est le fait de l'instiller en ce moment donné. C'est le fait de dire qu'on sort d'une certaine crise et aujourd'hui, il faut expérimenter d'autres approches, d'autres mécanismes. Il faut systématiser, il faut consolider. Il faut dépoussiérer, il faut faire reprendre certaines choses, comme les tontines. A mon avis, les tontines ne sont pas des choses à délaisser».

A la question de savoir si dans la politique de territorialisation, cela ne constituerait pas à un blocage avec la dimension partisane qui risquerait de miner la relation avec l'Etat central, il rétorque : « vous conviendrez avec moi que l'élégance qu'on peut repérer dans ce forum même si le maire de Dakar n'est pas du même camp, les différents acteurs ont travaillé main dans la main pour la réussite de ce forum (...) C'est ce Sénégal-là qu'on aime, quelles que soient nos divergences, quelles que soient nos diversités, on peut continuer à construire notre pays. Et, ça je pense qu'aujourd'hui, ce sommet sur l'économie sociale et solidaire l'a montré au plus haut point. Je pense que les autres collectivités locales, surtout les villes majeures que ce soit Saint-Louis, que ce soit Ziguinchor, devraient s'inspirer en fait de cette expérience de Dakar, pour également continuer à assister à ces spéculations. »

D'où par ricochet pour lui, la nécessité d'en appeler à la responsabilité des acteurs politiques sur l'appel au dialogue lancé par le chef de l'Etat : « Doolel yaakaar a inscrit dans son manifeste, des actions qui vont dans un sens de bâtir une démocratie apaisée. Je disais qu'en aucun moment, on ne peut appeler Doolel Yaakaar vers des concertations, vers le dialogue et qu'on le refuse. J'en appelle également à la responsabilité des acteurs. Parce que la concertation et le dialogue, c'est cela qui ont constitué l'indépendance du Sénégal».

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