Le dossier du meurtre du couple du journaliste Franck Kangundu est depuis dix-huit ans jeté aux calendes grecques. Et ce, au bonheur des assassins et des commanditaires de cet acte ignoble. L'abandon du dossier au niveau de la justice, je l'attribue, selon moi, à trois pesanteurs : la passivité de la corporation (UNPC, JED et le Journal La Référence Plus), l'inaction de la famille biologique du défunt et l'absence totale de solidarité de la part des journalistes (tous les organes et secteurs confondus).
La conjonction de ces trois hypothèques a été confortée par la lenteur, le laxisme et l'esprit mercantiliste de notre appareil judiciaire qui affiche beaucoup d'insuffisances matérielles pour aller au bout de ses enquêtes. Depuis la disparition de Kasonga Tshilunda, ancien Président de l'Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), le dossier de Kangundu est tombé en veilleuse.
L'actuelle direction de l'UNPC ne s'en occupe plus. Il en est de même du JED qui semble avoir adopté le même profil bas. Plus grave est l'attitude d'indifférence du Journal « La Référence Plus », pour lequel pourtant Feu Kangundu avait énormément donné, plus qu'à l'ACP son employeur initial.
L'inaction de la famille biologique est aussi à souligner; car l'impression qui se dégage est que le défunt n'a personne de famille pour suivre à tous les niveaux le dossier. En 2016, j'ai eu à poser une question à un proche de Franck pour connaître l'évolution de l'affaire, mon interlocuteur, après avoir marqué un temps d'arrêt, me dit que le dossier de Franck est fort complexe, car, dit-il, « il implique quelques personnalités politiques de Bandundu (dont il a refusé de me révéler les noms) qui se disputaient le leadership au sein du PPRD dans l'espace de cette province. Franck semble avoir été victime de lutte politique... "Laissons tomber ce sujet" », m'avait dit ce proche de Franck en guise de conclusion sur cette question.
Le dossier du meurtre du couple Franck Kangundu doit être réactivé. Il n'a pas été suffisamment instruit, ni exploité selon les normes juridiques et judiciaires. De leur côté, les journalistes (tous les organes et secteurs confondus) ont manqué de solidarité (agissante) à l'endroit de leur confrère assassiné. Il y a eu quelques manifestations, mais très timides.
Pas comme ailleurs où les journalistes, en pareilles circonstances, s'investissent fermement et méthodiquement pour défendre la cause de leur confrère tué ou arrêté arbitrairement. L'assassinat du couple Kangundu n'a pas tellement ému la corporation congolaise. Pas beaucoup d'écrits ou d'émissions audio-visuelles consacrées à ce dossier. Les journalistes congolais ressemblent à cette maxime d'un cordonnier qui répare bien les souliers d'autres personnes, mais ses pieds sont chaussés de savates déplorables.
Le dossier de l'assassinat du journaliste Kangundu et son épouse est à réactiver. Maintenant qu'il y a l'un de ses enfants, mature et pleinement responsable, toute la corporation doit se réveiller, se ressaisir et se mobiliser derrière l'enfant de Franck Ngyke pour relancer le dossier afin que la justice puisse élucider ce meurtre et sanctionner les coupables.
Un comité ad hoc devra être mis en place pour la réactivation de ce dossier et réunir quelques moyens matériels à mettre à la disposition de l'enfant Kangundu pour lui permettre de bien suivre le dossier. Ce comité ad hoc, chapeauté par une personne désigné par l'UNPC, comprendra - outre un ou deux membres de la famille Kangundu - un représentant du JED, de la Référence Plus, de la RTNC, de l'ACP et un ou deux du collectif des journalistes dont les organes ne sont pas mentionnés ci-dessus.
La non-réactivation de ce dossier, c'est-à-dire le non aboutissement de l'affaire Kangundu, couvrira d'opprobre, outre la justice congolaise, la corporation des médias congolais et aussi la famille biologique du couple de Feu Franck Ngyke Kangundu.