Tunisie: Poursuites judiciaires - Quel avenir pour Ennahdha ?

Siège Ennahdha, Tunis.

Le parti Ennahdha est au coeur de la tourmente. Pratiquement tous ses grands dirigeants sont liés à des affaires de justice, nombreux sont même en prison, y compris le parrain du temple de Montplaisir, Rached Ghannouchi.

Aujourd'hui le parti fait face à la phase la plus sombre dans son histoire post-révolution, et la suite risque d'être fatale pour ce parti qui déploie tous les efforts pour rester au-devant de la scène nationale.

La dernière affaire concerne le dirigeant Sahbi Atig qui a été arrêté récemment alors qu'il s'apprêtait à voyager pour participer à un colloque scientifique.

En effet, le dirigeant du parti islamiste d'Ennahdha, Sahbi Atig, a été arrêté, samedi, après avoir été empêché de quitter le territoire, au niveau de l'aéroport de Tunis Carthage. Il semble que cette arrestation soit en rapport avec une ancienne affaire, au cours de laquelle, le domicile de Sahbi Atig aurait été cambriolé.

Mais son épouse nie tout en bloc affirmant que l'affaire n'existe même pas et que son arrestation est de nature politique. Elle a déclaré qu'elle ne sait toujours pas où se trouve son mari, et a décrit ce qui s'est passé comme « un enlèvement ».

« Mon mari est accusé injustement de possession de fausse monnaie et de blanchiment d'argent. Ces accusations lui ont été communiquées dans un procès-verbal d'information », détaille-t-elle.

En effet, selon son épouse, le dirigeant islamiste a été interpellé « sur fonds de fausses accusations portées par un individu qui dit avoir dérobé la somme de 1,5 million de dinars lors d'un cambriolage au domicile de Sahbi Atig. » Elle a ajouté que « les autorités avaient refusé de communiquer l'identité du présumé cambrioleur ».

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Dans ce contexte, Ennahdha a indiqué, dans un communiqué, que « les autorités ont arrêté l'ancien dirigeant du mouvement, lorsqu'il s'apprêtait à voyager pour participer à une conférence scientifique, et ce sur la base d'un fausse accusation d'une personne contre laquelle, Atig a intenté des plaintes pour dénigrement et calomnie, et que la justice n'a pas, jusque-là, tranchées ».

L'étau se resserre

Depuis les évènements du 25 juillet, le parti Ennahdha fait face à tous les défis. Le parti déjà en implosion est rattrapé par une mauvaise gestion de la première décennie post-révolution, quand il tenait fermement les règnes du pouvoir.

Mais aujourd'hui la donne a changé. Il ne se passe pas un jour sans que l'on entende parler d'une arrestation d'un leader d'Ennahdha où d'une affaire de justice dans laquelle le parti serait impliqué. On rappelle en effet que Rached Ghannouchi, Noureddine Bhiri, Ali Laarayedh, Sahbi Atig sont en prison, sans évoquer les autres dirigeants peu connus par le grand public. Comment le parti compte-t-il sortir du gouffre ? Ennahdha peut-il dépasser tous ces problèmes et éviter le pire ?

En tout cas, pour les observateurs de la scène nationale, le parti Ennahdha risque même la dissolution au vu des poursuites judiciaires qui pèsent sur ses dirigeants. On rappelle également que toutes ses réunions et meetings sont interdits par la loi, son siège principal étant également fermé.

Une décennie de mauvaise gestion

Le parti Ennahdha semble payer cher la décennie de mauvaise gestion, ce que le président de la République appelle une décennie noire.

Durant cette longue période, le parti a multiplié les faux pas et les mauvaises décisions, chose qui explique également l'effritement de son réservoir électoral. Il faut également mentionner le fait que les alliances contre-nature menées par le parti ont considérablement nui à l'image de ce mouvement islamiste, même aux yeux de ces électeurs.

Autant dire que pour les observateurs de la scène politique tunisienne, le parti connaît l'une des phases les plus sombres de son histoire. Arrestations, divisions internes, pressions, accusations, tout va à l'encore de la stabilité du parti.

D'ores et déjà, avant les évènements du 25 juillet, le parti avait connu une période de grande division et le renouvellement du mandat de Ghannouchi à la tête du parti était contesté.

Mais pour d'autres, le parti a toujours su dépasser ces périodes de turbulence et pourrait se repositionner au-devant de la scène politique, mais il semble que cette fois-ci la situation est tout autre et le parti risque en effet gros.

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