Selon Médecin sans frontières, les difficultés d'accès à la ville ont entraîné une situation alimentaire et nutritionnelle préoccupante.
Sur un peu plus de 300.000 habitants que compte Djibo, près de 270.000 sont des déplacés internes, dont la moitié des enfants, selon le Conseil national de secours d'urgence et de réhabilitation.
À l'origine de ces déplacements, des populations venues se réfugier à Djibo : les affrontements entre l'armée burkinabè et les groupes djihadistes en périphérie de Djibo.
Depuis que ces groupes ont bloqué l'approvisionnement de la ville par la route et limité les déplacements de la population, celle-ci est obligée de survivre avec peu de nourriture, d'eau, d'électricité et des moyens de communication limités. Un quotidien difficile dont témoigne Rahamata, une habitante de Djibo.
" Le peu qu'on a aujourd'hui à Djibo, cela ne suffit pas. Tu as toute ta famille, tes enfants, tes petits enfants. Il faut attendre le convoi pour avoir des vivres, des condiments et autres ", explique-t-elle.
Avec le blocus, seuls des convois de vivres et de produits de première nécessité, sous escorte armée, ou des ponts aériens des organisations humanitaires, permettent de ravitailler la ville de Djibo.
Mais outre la crise alimentaire et sécuritaire, il y a également des inquiétudes sur le plan sanitaire, comme le précise Moussa Galadima Ousmane, responsable régional des programmes pour MSF.
L'homme explique que, "l'assistance humanitaire qui arrive est insuffisante et il y a vraiment des craintes en lien avec la saison des pluies qui va arriver. Il peut y avoir des épidémies de malaria et d'autres types de maladies et la crise sanitaire et alimentaire, ainsi que sécuritaire, restent d'actualité."
Légère amélioration
Si l'émir de Djibo, Sa Majesté Boubakari Dicko, reconnaît que le quotidien des habitants de la ville est toujours compliqué, il estime toutefois qu'il y a une petite amélioration.
" Bien que le blocus ne soit pas levé, les gens arrivent à sortir de la ville. Il y a aussi un peu de vivres avec l'appui du Programme alimentaire mondial. L'action sociale en avait aussi un peu distribuée. Ce n'est pas suffisant mais pour le moment, les gens arrivent à manger. Pour le moment, ce sont aussi les ONG qui envoient un peu de médicaments. L'alimentation et la santé, c'est l'essentiel. Et la liberté de mouvement, c'est ce que les gens souhaitent maintenant ", assure l'émir de Djibo.
Selon l'émir, ce sont surtout les femmes et les enfants qui peuvent sortir de la ville, mais seulement sur une courte distance, pour ramasser notamment du bois. Les hommes quant à eux préfèrent éviter de se retrouver hors deDjibo par crainte d'être pris pour cible lors d'une attaque ou d'être enlevés.