Afrique de l'Est: Le bourbier soudanais

analyse

Depuis le 15 avril 2023, les armes crépitent à nouveau au Soudan. L'armée dirigée par le général, Abdel Fattah Al-Burhane et les forces paramilitaires du général, Mohamed Hamdane Daglo dit « Hemedti », se disputent le pouvoir avec toutes les conséquences y relatives. Ce conflit a déjà fait plus de 420 morts et 3 700 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des dizaines de milliers de déplacés.

Selon le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR), 20 000 Soudanais, à majorité des femmes et des enfants, ont fui les combats pour se retrouver au Tchad ou en Egypte. Le déluge de feu qui s'abat sur le Soudan fait fuir les habitants de ce pays et les expatriés. Des retours volontaires des étrangers sont organisés par les Etats, à l'image du Burkina Faso qui a accueilli, le jeudi 4 mai dernier, 28 de ses ressortissants en provenance du Soudan.

Les images provenant de ce pays d'Afrique du Nord-Est, abonné aux coups d'Etat, sont inquiétantes. Les dégâts après une vingtaine de jours de conflit sont considérables et l'avenir n'augure rien de bon. Les combats sont intenses, malgré les appels au cessez-le-feu de la communauté internationale et la médiation entamée par certains pays, tels le Kenya et le Soudan du Sud. La trêve, envisagée sous la houlette du Soudan du Sud qui devait couvrir la période du 4 au 11 mai prochain, a été violée dès son entrée en vigueur.

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L'un des chefs des principaux groupes rebelles du Darfour, Abdel Wahid Nour, a demandé aux deux généraux de taire les armes, mais que vaut sa parole dans ce contexte électrique. Les deux camps sont braqués, si bien qu'il est difficile de leur faire entendre raison. Mais le général Hamdane Daglo parait le plus intransigeant.

Il veut coûte que coûte, vaincre son ancien allié, le général Al-Burhane, par les armes. Parce que sa proposition d'intégrer sans conditions dans l'armée, les paramilitaires, des ex-miliciens formés au combat au Darfour, n'a pas été accueilli favorablement. Le général Hamdane Daglo est monté sur ses grands chevaux. Ce nouveau conflit au Soudan est pourtant inutile, pour ne pas dire surprenante.

Avant le déclenchement des hostilités, des tractations étaient en cours pour aplanir les divergences politiques. Le jour du début du conflit, des négociations devaient se tenir, quand l'armée et les forces paramilitaires ont surpris le monde entier en croisant le fer. Cette situation met incontestablement en péril la Transition de deux ans établie en décembre 2022, suite au putsch consécutif à la chute du Président Omar El-Béchir. Alors que les Soudanais s'attendaient à ce que leur pays se mette sur le chemin d'un véritable développement, il retombe dans ces travers.

Le Soudan, habitué à l'instabilité sociopolitique depuis son accession à l'indépendance en 1956, renoue malheureusement avec ses vieux démons. C'est dommage pour ce pays qui produit entre autres du pétrole, du coton et de la gomme arabique (le Soudan en est le premier producteur mondial), mais dont la situation économique n'est pas reluisante. Il y a comme un mauvais sort que les Soudanais doivent travailler à conjurer...

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