Afrique: Vendredis du Carrefour - Le Dr Cheick Tidiane Gadio parle à la jeunesse africaine depuis Brazzaville

A l'initiative du think tank les vendredis du Carrefour, le président de l'Institut panafricain de stratégies-paix-sécurité-gouvernance (IPS), le Dr Cheick Tidiane Gadio, a animé, le 6 mai à Brazzaville, la 27e session sur le thème « L'Afrique peut-elle espérer à un avenir radieux ? comment y parvenir ? avec qui ? et à quel horizon ? ».

L'ancien chef de la diplomatie sénégalaise, dans sa leçon inaugurale, a rendu hommage aux pères fondateurs ainsi qu'à son associé, le Pr Moussa Seck, avant de souligner l'importance du thème de la rencontre qui a regroupé de nombreux intellectuels. « Le thème choisi par les organisateurs des vendredis du Carrefour n'est pas seulement explicite, mais il est profond et porte un défi majeur : celui de l'analyse d'une situation concrète pour aboutir à des perspectives concrètes. L'Afrique, plongée dans des crises profondes, a le droit de se réserver le droit fondamental d'aspirer à un avenir radieux », a souligné d'emblée le panafricaniste Cheick Tidiane Gadio.

Parlant de l'unicité du continent, il a déclaré que le destin de l'Afrique passera, entre autres, par la création d'un Etat fédéral appelé de tous leurs voeux par les pères fondateurs, les politiques et les leaders. S'agissant des maux qui minent l'Afrique, le député sénégalais a cité l'absence de stratégie. « Ces soixante dernières années, l'Afrique n'a pas eu de stratégie ni pour son développement, sa sécurité, son économie, ni l'intention de rejoindre les puissances émergentes. La plus grande illustration de notre manque de stratégie est la succession des plans de développement », a-t-il expliqué.

%

Parlant de l'avenir du continent, il pense que les jeunes africains sont fatigués d'être les « pauvres les plus riches du monde et les riches les plus pauvres du monde ». « Ces jeunes africains qui frôlent des milliards d'individus sont capables de déplacer des montagnes. Avec un bon leadership visionnaire, ces forces nouvelles africaines décomplexées...vont inévitablement placer l'Afrique dans la trajectoire de son avenir radieux. Pour cela, il nous faudra relever quelques grands challenges pour atteindre assez vite la mise en orbite de l'Afrique parmi les leaders et les décideurs du monde contemporain que ses auteurs, avec de solides complicités africaines, veulent passer à l'hyper balkanisation du continent », a-t-il dénoncé.

Créer un institut panafricain consacré à la réflexion stratégique africaine

Evoquant les challenges à relever, il a souligné l'urgence de déconstruire, de défaire et de vaincre le paradigme de la défaite, symbolisé par l'acceptation et l'intériorisation de l'irréversibilité de la balkanisation de l'Afrique. Il s'agit aussi de déconstruire et de neutraliser le paradigme qui suggère de mettre « la charrue de l'intégration économique devant le boeuf de l'unité politique ». Pour lui, tous ceux qui ont approuvé l'agenda 2063 doivent signer un autre engagement. Comment, aujourd'hui dans un monde qui change radicalement, faire un programme de 50 ans ?, s'est-il interrogé, précisant que l'Afrique est sur le cours de l'urgence.

« Comment on peut imposer aux Africains d'attendre 2063 ? Pour moi, l'Afrique n'a pas de stratégie, on essaie, on oublie, on fait un autre plan ; il est temps de mettre fin à cette situation. Seul un leadership à la hauteur des défis du continent pour produire une vision soit victorieuse qui se décline en stratégie cohérente et gagnante », a conclu le Dr Cheick Tidiane Gadio, appelant les Africains à ne pas sous-estimer la menace terroriste.

Président d'honneur du Cercle d'actions et de réflexion pour la refondation, l'unité et le renouveau (Carrefour), le ministre Bruno Jean Richard Itoua, de son côté, a souligné la nécessité de mener une réflexion stratégique pour le continent africain. « Nous appelons à la construction d'une réflexion stratégique commune, rassemblant les intelligences, les compétences à travailler sur notre futur. Quand nous avons du mal à élaborer des plans quinquennaux ou quand nous les avons élaborés, nous avons du mal à en assurer la mise en oeuvre. Quand nous avons du mal à gérer cinq ans, les autres gèrent cinquante, voire cent ans. Si nous ne nous inscrivons pas dans la même dynamique de temps, nous serons toujours en retard, le dernier de la classe, le tapis sur lequel les autres marchent pour avancer », a indiqué le ministre congolais des Hydrocarbures, réitérant l'idée de la création d'un institut panafricain consacré à la réflexion stratégique africaine.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.