L'opposant sénégalais, Ousmane Sonko, joue-t-il son va-tout ? La question mérite d'être posée.
En effet, après avoir rejeté l'offre de dialogue du président Macky Sall qu'il accuse, à tort ou à raison, de vouloir briguer un nouveau mandat, et appelé à la désobéissance civile, il vient de franchir un nouveau palier en annonçant qu'il ne répondra plus aux convocations des juges. « J'ai pris la décision, toujours dans le cadre de ma campagne de désobéissance civile, de ne plus collaborer avec cette Justice (...). Je ne me présenterai plus devant cette Justice pour répondre à quoi que ce soit », a-t-il laissé entendre sur les réseaux sociaux et cela, à la veille de son procès en appel pour « diffamation, injures et faux ». Et comme s'il voulait joindre l'acte à la parole, le patron du PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité) a préféré aller en randonnée à Ziguinchor où il a donné rendez-vous à ses conseillers municipaux pour une session ordinaire.
Si ce n'est pas de la bravade, cela y ressemble fort ; tant la démarche de l'opposant sénégalais défie tout bon sens. Car, comment comprendre que ce dernier qui trouve risqués ses déplacements pour répondre aux convocations des juges à Dakar où il réside, se sente en sécurité quand il s'agit d'effectuer un voyage sur près de 500 km en vue de la tenue d'une activité politique ? C'est à n'y rien comprendre. Franchement, un présidentiable ne doit pas faire ça ! Car, en agissant ainsi, Ousmane Sonko contribue non seulement à fragiliser la Justice de son pays qui, rappelons-le, demeure un pilier incontournable de l'Etat de droit, mais aussi apporte de l'eau au moulin de tous ceux-là qui l'accusent de faire preuve de gangstérisme primaire en promouvant la violence en politique au Sénégal.
En choisissant de narguer la Justice, Ousmane Sonko a contribué à aggraver son sort
Quand on aspire à présider aux destinées d'un pays, on doit faire montre d'un comportement responsable. C'est pourquoi, plutôt que de travailler à se soustraire à la Justice, Ousmane Sonko aurait dû répondre à la convocation du juge, quitte à prendre l'opinion nationale et internationale à témoin en cas d'éventuelle atteinte à son intégrité physique.
A preuve, peu avant lui, d'autres leaders politiques tels que Karim Wade, Barthélemy Dias et Khalifa Sall, pour ne citer que ces exemples, ont eu maille à partir avec la Justice sans pour autant que cela n'affecte la paix et la concorde nationales au Sénégal. Pourquoi en serait-il autrement pour Ousmane Sonko, justiciable comme tout autre Sénégalais, qui, en plus de la plainte pour diffamation pour laquelle il est jugé et condamné en appel, est poursuivi par une employée d'un salon de massage pour viols répétés ? Conscient qu'une lourde condamnation dans l'un ou l'autre cas, le rendrait inéligible, Ousmane Sonko donne l'impression, en bon politicien, de se servir de la rue pour tenter de se tirer d'affaire. Mais, mal lui en a pris.
Car, en choisissant de narguer la Justice, il a contribué à aggraver son sort. Dans la mesure où sa condamnation avec sursis, a été alourdie en appel suivant le sacro-saint principe du droit qui veut qu'il n' y ait pas de circonstances atténuantes pour un prévenu jugé par contumace, qui, généralement, se voit appliquer la plus lourde peine prévue pour les faits pour lesquels il est poursuivi.