Cote d'Ivoire: FIF - Des avancées notables et encore beaucoup d'attentes après une année de gestion

Mis sous normalisation par la FIFA en décembre 2020 pour des questions de gouvernance, le football ivoirien a longtemps végété. Pendant dix-huit, le ballon rond et ses acteurs sont passés par toutes les émotions avec une équipe de transition abonnée aux rendez-vous manqués. Finalement, les efforts conjugués des uns et des autres ont permis, un soir du samedi 23 avril 2022, de mettre un terme à la normalisation. A la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à Yamoussoukro, au terme d'un scrutin, à deux tours, Yacine Idriss Diallo (YID) est choisi. Porteur du projet « Rassembler pour développer », l'homme d'affaires est élu pour la succession d'Augustin Sidy Diallo (ASD), décédé en novembre 2020.

Depuis douze mois, le dirigeant de ... ans préside aux destinées du football en Côte d'Ivoire. Sport le plus populaire d'un pays en plein essor économique avec des infrastructures (sanitaires, éducatives, routières, sociales,...) et un développement humain au coeur de la politique générale du président de la République - la Côte d'Ivoire est classé au rang des pays à Indice de Développement Humain (IDH) moyen - le football doit pleinement accompagnement le programme de réconciliation du gouvernement. Reconnu comme facteur de cohésion sociale, d'union, de développement, ..., le football reconnu comme l'opium du pays n'est donc pas une discipline sportive comme les autres. Et dans le pays d'Alassane Ouattara, attributaire de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) de football 2023, diriger le football est tout aussi un gros défi pour tout dirigeant. Un challenge de taille d'autant plus que le chef de l'Etat qui l'a reçu en audience, le 7 juin 2022, attend de lui qu'il redonne vie football et surtout à son équipe nationale qui reste sur deux non qualifications pour la Coupe du monde 2018 et 2022 et deux éliminations en quarts de finale des deux dernières éditions de la CAN. Un an après son élection à la présidence de la FIF - il a pris officiellement fonction le 4 mai 2022 - YID a enregistré des avancées importantes mais au aussi beaucoup reste à faire.

Ligue professionnelle : salaire minimum imposé en L1 et L2

Il l'a toujours clamé. Le footballeur est au coeur de son action et de sa vision. Permettre ainsi au footballeur de vivre décemment de sa profession est un sacerdoce pour Yacine Idriss Diallo qui reste à ce jour, dans l'histoire du football ivoirien, le premier président à avoir exigé et obtenu des présidents de clubs le paiement d'un salaire minimum à un effectif de 20 joueurs professionnels.

Au niveau de la Ligue professionnelle de football, de commun accord avec les clubs, le salaire minimum à payer en Ligue 1 est de 160.000 F CFA. En Ligue 2, le SMIG est de 100.000 FCFA, pour le même nombre de joueurs.

Autre changement non moins important est la méthode de paiement. Par le passé, la subvention aux clubs est versée en deux tranches (la première avant le démarrage de la saison et la seconde à l'intersaison). Il a été convenu de verser la subvention sur 10 mois à raison de 10 millions FCFA en Ligue 1 et 5 millions FCFA pour la Ligue 2.

Revalorisation des subventions et du nombre de clubs

Il s'était engagé à augmenter les subventions en cas d'élection. Et il l'a fait ! Bien évidemment conformément aux dispositions statutaires. Lors de la 60ème Assemblée générale ordinaire, le jeudi 30 juin 2022, les membres statutaires ont validé la revalorisation des subventions de 75 à 100 millions FCFA pour la Ligue 1, de 30 à 50 millions pour la Ligue 2 et 30 millions FCFA pour la D3.

Un fait tout aussi notable est l'augmentation du nombre de clubs en Ligue 1. C'est d'ailleurs une promesse de campagne pour permettre aux représentants ivoiriens en compétitions continentales d'avoir un nombre acceptable de matchs dans les jambes. Ainsi de 14, la Ligue 1 se joue à 16 clubs. Cette décision a été approuvée à l'unanimité des membres actifs à l'AGO du 30 juin par acclamations.

Ligue amateur : prime de transport, football féminin, championnat de district et région, ...

Chez les amateurs, il n'y a pas de salaire encore moins pour l'imposer. Mais la Fédération a réussir à obtenir des clubs le paiement d'une prime de transport de 2000 FCFA par jour. Ce qui fait une prime globale de 60000 FCFA mensuels pour les joueurs de D3.

Au niveau du football féminin, le championnat se joue à 10 équipes pour une subvention de 10 millions FCFA par formation. Ce qui est une grande première dans l'histoire du football en Côte d'Ivoire. Pour rendre plus compétition le football féminin, la FIF a même créé la Ligue 2.

Les championnats de districts et de régions sont lancés cette saison. Pare que Yacine Idriss Diallo a décidé de faire rouler le ballon partout en Côte d'Ivoire.

Le championnat des U20

Le football des jeunes reste l'une des priorités de l'équipe dirigeante. A ce titre, il a été décidé de lancer le championnat des U20. La phase expérimentale avec les clubs de Ligue 1 se déroule parfaitement et donne parfaitement raison à la Fédération de l'avoir relancé. La qualité du jeu, les nombreux talents qui s'y produisent sont de belles promesses pour les éditions à venir.

Equipe nationale, Gasset à la manette

La Côte d'Ivoire accueille la CAN 2023 en janvier 2024. Pour cette campagne, le président de la FIF et son comité attendent une équipe commando pour offrir à la nation sa troisième étoile continentale. Ainsi, ils se sont tournés vers un technicien chevronné, expérimenté, un grand connaisseur du football, en la personne de Jean-Louis Gasset, pour conduire le projet. Et cela se passe plutôt bien. A huit mois du coup d'envoi, le groupe ivoire prend forme et rassure par le contenu. Il faut au technicien français de se trouver une profondeur de banc.

En plus de l'équipe A, la FIF a procédé à la nomination des sélectionneurs nationaux des Eléphants A' (Souhalio Haïdara), U23 (Emerse Faé), U20 (Lassina Dao) et U17 (Bassiriki Diabaté). Clémentine Touré reste en place à la tête des sélections féminines.

DTN, un nouveau patron

Ludovic Batelli, c'est son nom. Le président YID dit beaucoup de bien de lui et place énormément en lui. Il est clair que la meilleure équipe en termes de formation reste la France et le parcours de Batelli plaide énormément en sa faveur. Il a la lourde responsabilité de repenser le football ivoirien qui veut retrouver les sommets. Ancien entraineur des équipes jeunes de l'équipe de France notamment les U20 (2013-2104), les U18 (2014-2015), les U19 (2015-2016), il a offert à la Côte d'Ivoire un trophée, le Morocco U23 Challenge.

Depuis 2019, sous la direction de Batelli, la Côte d'Ivoire a renoué avec le Mondial football Montaigu.

Point d'honneur sur la gouvernance

L'élection du président de la commission de gouvernance, d'audit et de conformité, Pierre Gondo, et de son équipe, démontre de l'importance que l'actuelle équipe dirigeante accorde à la gouvernance. Au niveau de l'administration, de nouvelles mesures ont été prises pour plus de productivité et d'efficacité. Surtout que YID a décidé de travailler en se mettant en oeuvre sur les recommandations du Cabinet Ernest and Young qui a conduit l'audit à la FIF sous l'ancien régime.

Le séminaire du Comex du vendredi 24 février 2023, une journée de réflexion, d'évaluation et de projection, dénommée la «Journée du COMEX» s'inscrit dans cette vision d'assainir la gouvernance. Tout comme le séminaire sur le plan stratégique du COMEX, ce lundi 24 avril, à Abidjan.

La FIF redevenue crédible aux yeux de la FIFA et de la CAF

Au niveau institutionnel, le réchauffement de la collaboration avec la FIFA et la CAF sont à mettre au premier plan. La Côte d'Ivoire était devenu un mauvais élève des institutions continentale et internationale.

Dès sa prise de fonction, une délégation de la FIFA a séjourné à Abidjan pour des séances de travail. Ensuite, le président de la FIF a séjourné à Zurich où il a rencontré le président Gianni Infantino, les responsables du département développement du football et des projets Forward.

Suspendus avant l'élection de YID, les projets Forward de la FIFA sont relancés pour le compte de la Côte d'Ivoire. La réhabilitation du bâtiment de l'administration de la DTN, les travaux à venir à la DTN à Bingerville, et bien d'autres projets sont en vue.

Le championnat scolaire organisé en novembre 2022 pour le compte de la zone UFOA-B. Sans oublier «Football for Schools» (F4S), un programme ambitieux de la FIFA, en collaboration avec l'UNESCO, qui vise à contribuer à l'éducation, au développement et à l'autonomisation de près de 700 millions d'enfants, organisé en Côte d'Ivoire en novembre dernier sous l'égide de la FIF. Deux projets majeurs qui démontrent toute la confiance placée par la FIFA et la CAF dans la nouvelle équipe dirigeante.

La confiance retrouvée des partenaires financiers

Il avait annoncé un pool de sponsors pour accompagner son projet de développement. Et en une année, il a fait le plein. Le retour d'Orange Côte d'Ivoire comme partenaire des Eléphants, le premier contrat FIF-CIE pour accompagner les Eléphants, le renouvellement du sponsoring avec la LONACI, le renouvellement du contrat avec le PAA avec une revalorisation des termes, le renouvellement du contrat avec l'équipementier PUMA, le premier contrat de partenariat avec le Groupe SNEDAI, le renouvellement des contrats avec les diffuseurs RTI et Canal+,... sont une marque de la confiance et de la crédibilité des nouveaux dirigeants fédéraux. Une équipe dirigeante qui, en l'espace de douze mois, a obtenu des avancées notables dans sa gestion. Tout reste perfectible et aussi beaucoup reste à faire. Mais ce qui est déjà réalisé donne à espérer à un futur encore plus radieux.

Les états généraux en question

La mission du comité exécutif présidé par Yacine Idriss Diallo est la relance du football qui vit dans une crise depuis quelques années. Pour redonner ainsi des couleurs au football en Côte d'Ivoire, il faut réunir tout l'écosystème pour de larges consultations. C'est donc en connaissance de cause que Yacine Idriss Diallo a envisagé, à son arrivée, l'organisation des états généraux du football. Une annonce applaudie par l'ensemble des acteurs. Des assises qui devraient donner des pistes de solutions sur le financement durable du football, sur la construction des infrastructures, sur le modèle de formation,... En somme, les états généraux devraient fournir la boussole pour rebâtir un football ivoirien encore plus dynamique, plus professionnel, plus développé. Malheureusement, douze mois après, les états généraux attendent. Il est clair qu'en l'état actuel, il est impossible à la FIF de tenir le pari, mais il faut pourtant le faire. En la seconde année du mandat, après la CAN 2023 en terre d'Eburnie en janvier et février de l'année prochaine, la réflexion doit être menée. Pour le football ivoirien.

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