Philippe Hategekimana, un ancien gendarme rwandais naturalisé français en 2005, comparaît devant la cour d'assises de Paris à partir du 10 mai. Il est accusé de « génocide, crimes contre l'humanité et participation à une entente » en vue de la préparation de ces crimes.
Selon l'accusation, Philippe Hategekimana est soupçonné des meurtres de dizaines de Tutsi, notamment le bourgmestre de Ntyazo, Narcisse Nyagasaka, qui résistait à l'exécution du génocide dans sa commune. Arrivé en France en 1999, il s'était installé dans la région de Rennes où il travaillait comme agent de sécurité à l'université Rennes-2. L'homme avait obtenu le statut de réfugié en déclarant une fausse identité.
Ancien adjudant-chef à la gendarmerie de Nyanza, dans la préfecture de Butare, dans le Sud du Rwanda, Philippe Hategekimana, âgé aujourd'hui de 66 ans, est également suspecté d'avoir ordonné l'installation de barrages routiers « destinés à contrôler et à assassiner les civils Tutsi ». Il lui est également reproché « l'attaque et le massacre » de 300 civils Tutsi réfugiés sur la colline de Nyamugari, le meurtre d'une religieuse, « Maman Augustine », ainsi que son rôle dans l'attaque contre des centaines de civils Tutsi réfugiés sur la colline de Nyabubare. Environ un millier de civils ont été tués au cours de cette attaque. Le génocide du Rwanda aurait fait plus de 800 000 morts selon les Nations unies, essentiellement des Tutsi exterminés entre avril et juillet 1994.
Philippe Hategekimana avait quitté la France pour le Cameroun en novembre 2017, quelques mois avant son arrestation, faisant craindre aux enquêteurs une « fuite organisée » alors que la presse avait fait état d'une plainte déposée contre lui. Interpellé en 2018, il avait été placé en détention provisoire. Le procès devrait se poursuivre jusqu'au 30 juin. Quatre dossiers liés au génocide au Rwanda ont donné lieu à des procès en France, dont deux sont définitivement jugés. La France a longtemps été critiquée pour sa lenteur à poursuivre les présumés génocidaires réfugiés sur son sol, mais depuis quelques années, sa justice a multiplié les procès de personnes suspectées d'avoir participé au génocide rwandais.