Congo-Kinshasa: Adolphe Muzito tire la sonnette d'alarme et rappelle ses propositions de sortie de crise

De passage sur le plateau de France24, vendredi 05 mai 2023, Adolphe Muzito a remis au goût du jour toutes ses pistes de solution sur les grandes questions de l'heure. Il a mis une emphase sur les élections de décembre prochain et sur la situation sécuritaire toujours préoccupante dans l'Est du territoire national, due à la persistance de l'agression rwandaise sous couvert du M23. Le Leader de Nouvel Elan a ramassé, en passant, le dossier Lamuka qui continue de faire couler encre et salive. Dans sa communication, Adolphe Muzito a appelé les dirigeants du pays à accorder tout le sérieux possible à la question de crise sécuritaire de l'Est. Il a proposé même une diplomatie économique.

Pour lui, en effet, la RDC doit briller par un réalisme sans précédant en ce sens qu'elle doit absolument négocier avec les puissances extérieures et les multinationales qui, en réalité, à l'en croire, sont les vrais sponsors du Rwanda, qui appuie le M23. L'homme rejette en bloc l'option levée par le Président Tshisekedi de faire venir la Force de l'EAC pour combattre l'agression rwandaise. Il est pour le départ de toutes les troupes déjà sur le sol congolais. Pour lui, en effet, tout est question d'organisation à l'interne, en dotant les FARDC des outils qu'il faut, pour la restauration d'une paix durable. Au chapitre des joutes électorales, l'ex Premier ministre a dénoncé un glissement en gestation, conséquence logique d'un processus électoral chaotique, a-t-il déploré. Muzito dit avoir tenté en vain de sauver les meubles en proposant au Chef de l'Etat un forum informel "qui allait discuter et proposer aux institutions, pour entérinement, des propositions des réformes". Pour ce qui est de la situation de Lamuka, il a répondu en ces termes : « La question de l'opposition ne se pose pas en termes d'unité pour gagner les élections. Moi, je crois que la force de l'opposition doit être constituée par l'unité de l'opposition autour d'un programme ».

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Cap sur la diplomatie économique

«Nous avions un budget de 100 millions de dollars. Et pendant toute la période de 1990 jusqu'à 2000, le Congo a collecté plus ou moins 1 milliard 200 sur 10 ans. Donc, nous avons sombré en tant qu'Etat et le Rwanda nous a occupés. Ce qui nous a permis de résister c'était que nous sommes un peuple uni avec une grande capacité de résilience. Quand j'appelle de la guerre qu'il faut faire, c'est en dotant notre armée progressivement maintenant qu'on a un budget qui dépasse les 10 milliards de dollars. Nous venons de 1 milliard de dollars sur 10 ans. Nous, nous pouvons équiper l'armée sur deux ans, trois ans... A terme, nous aurons raison du Rwanda. Aussi, nous voulons une diplomatie économique avec des puissances extérieures... Nous pensons qu'en négociant avec elles, nous pourrons obtenir, dans un partenariat gagnant-gagnant, l'exploitation des richesses du Congo qui représentent une opportunité pour l'humanité dans le contexte nouveau de la transition écologique », a-t-il dit.

Halte à la présence de l'EAC !

«Je considère que ces pays sont juges et partis. C'est des pays pauvres comme nous, qui ont les mêmes intérêts que le Rwanda. Nous, nous pensons qu'il faut négocier avec les vrais partenaires, ceux avec qui nous pouvons défendre les richesses du Congo, défendre le Congo et développer ensemble ces potentiels pour l'intérêt de l'humanité. Il faut penser à leur départ. Ce n'est pas eux qui vont nous libérer parce qu'ils ne sont pas puissants que nous... Je ne les vois pas nous libérer encore qu'ils sont juges et partis... Nous pensons que ce que le Rwanda veut obtenir par l'agression, il peut l'obtenir par la coopération », a-t-il complété.

Adolphe Muzito dit non au glissement

«Je crois que nous sommes en train d'aller petit à petit vers le glissement parce que nous sommes en face de deux ou trois contraintes. La première contrainte, c'est le respect des délais. J'ai l'impression que puisque nous voulons consolider le fichier aujourd'hui, il faut passer à l'élaboration du projet de la loi relative à la répartition des sièges pour un processus dont l'enrôlement n'a pas eu lieu dans quatre territoires. La CENI ne saura pas présenter cette loi. Et si on ne présente pas cette loi qui repartit les sièges, il sera difficile de faire appel à candidature. Conséquence, on sera hors-délai. Nous avions proposé en son temps que Monsieur Tshisekedi accepte que nous fassions un forum informel qui allait discuter et proposer aux institutions, pour entérinement, des propositions des réformes. Il n'a pas voulu. Si nous franchissons les délais constitutionnels, c'est un pouvoir qui va tomber et nous serons devant un vide juridique», a-t-il prévenu.

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