La première introduction du cheval en Imerina date de 1817 d'après Ellis (History of Madagascar), repris depuis par de nombreux auteurs, dont en 1907 le capitaine Ch. Sisteron (Élevage du cheval à Madagascar) et Jean Valette, archiviste-paléographe sous la Ire République.
Ce dernier se base sur le Journal de James Hastie, décrit lors de son premier voyage dans la Grande ile, du 10 juillet au 21 octobre 1817. Il convoie des chevaux offerts par Sir Robert Farquhar, gouverneur de Maurice, au roi Radama Ier, et débarqués à Toamasina du Phaéton, le 5 juillet. Selon Jean Valette, à aucun moment, James Hastie n'indique le nombre des équidés qu'il amène, se contentant de dire « les chevaux ».
« Ils étaient au moins deux ; et si l'on ajoute le cheval destiné à Radama qui voyageait à part et qui s'était noyé près d'Andevoranto le 14 juillet, on arrive au chiffre minimum de trois, lors de l'arrivée à Tamatave », ajoute l'archiviste. Ce que confirme Hastie qui, le 10 août, écrit : « ... deux des chevaux tremblants comme des personnes en fièvre intermittente... » En réalité, il y en a six, comme le souligne ce dernier, le 11 janvier1818. Invité par Radama à l'accompagner à Ambohimanga, il mentionne : « Je devrais m'y rendre en uniforme avec quatre de ses capitaines qui, comme moi, seraient montés. »
Ce qui, avec celui du roi, totalise six. Les Journaux d'Hastie ne font plus aucune allusion à l'arrivée de nouveaux chevaux. Il n'en amène pas lors de son voyage de novembre 1817, et la première mention d'un arrivage de chevaux qu'il donne, est à la date du 5 avril 1818, pendant qu'il se trouve à Toamasina. « Arrivée de la Rosalinde, capitaine Arnoux, partie de Bourbon... avec trois chevaux. »
Mais la difficulté des chemins entre Toamasina et Antananarivo, à partir de novembre 1817, rend improbable que l'on puisse faire voyager des chevaux pendant la saison des pluies. Car, insiste James Hastie, c'est une tâche difficile. Il emprunte de Toamasina à Andevoranto la Route des Lacs, « plus longue mais plus aisée pour les chevaux, soit que ceux-ci aient marché sur le bord de la mer, soit qu'ils aient été embarqués à bord de canots ».
Ce moyen de transport comme les traversées à la nage des fleuves est dangereux et c'est en traversant le Rianila que se noie le cheval de Radama. Tout aussi difficile et dangereux est, sans aucun doute, le trajet à travers les régions montagneuses à partir de Ranomafana. C'est très près de ce village, le 23 juillet, qu'Hastie signale la première difficulté du genre : « ...
Pour arriver à une très haute colline dont le terrain rouge est d'une ascension très pénible... les chevaux eurent beaucoup de peine pour la monter, et la descente était encore plus rapide sur l'autre versant. Les chevaux glissaient... » Et c'est avec fierté qu'Hastie écrit, après avoir passé Beforona : « La valeur d'un cheval a triplé quand il a atteint les hauteurs ; si je rencontre encore des chemins semblables, je n'arriverai jamais à faire parvenir mes chevaux au sommet. » D'ailleurs, James Hastie est très organisé. Il amène de Maurice des palefreniers habitués à la santé et au maniement des chevaux.
Ils s'occupent de conduire ceux qu'il est chargé d'amener à Radama. Leur présence n'est connue que lorsque le roi demande « si je permettais à un des esclaves du gouvernement, qui était venu avec les chevaux, de rester avec lui... » Car il ne suffit pas d'amener les chevaux de Toamasina à la capitale, il faut aussi assurer leur entretien. L'élevage des chevaux en provenance de Maurice pose, en effet, divers problèmes : la différence d'altitude, l'alimentation, les soins... James Hastie s'en occupe pendant son séjour en Imerina. Tout au moins il supervise leur entretien, surtout lorsqu'ils tombent malades. Le 23 août notamment, il note : « ... Chevaux beaucoup mieux. »
L'appréhension de Radama est donc compréhensible au départ de James Hastie, d'autant qu'il adore ses chevaux : « Dès le 16 août 1817, debout à 5h30, il monte à cheval jusqu'à 7 heures ; comme sa crainte de tomber diminue, son plaisir augmente à cet exercice. »Voulant partager cette joie à certains de ses officiers, il les oblige à monter à leur tour.