Le doute plane toujours sur le financement de l'organisation de l'élection présidentielle. Bien que disposée à mettre la main à la poche, l'UE parle pourtant d'une contribution "marginale".
Une contribution marginale. Ce sont les mots d'Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de la délégation de l'Union européenne (UE), s'agissant d'une éventuelle contribution financière pour l'organisation de l'élection présidentielle. La diplomate a tenu une conférence de presse, hier, au siège de la délégation de l'UE à Ankorondrano.
Une sortie médiatique durant laquelle les questions sur l'échéance électorale à venir se sont imposées dans les échanges. L'une d'elles porte, notamment, sur le financement de l'organisation du scrutin. Selon l'ambassadrice, l'Europe n'est pas opposée à contribuer, "mais ce sera marginal par rapport à la mobilisation de 2018 (...) donc nous verrons ce que nous pouvons faire".
Dans des mots moins diplomatiques, une éventuelle contribution financière européenne à l'organisation de la présidentielle pourrait être subsidiaire, voire anecdotique. Isabelle Delattre Burger explique cette situation par des raisons budgétaires, mais aussi "une raison liée au contexte politique". Selon la diplomate, le budget de l'UE "a été réduit drastiquement et n'est pas extensible". Le contexte économique mondial après la crise sanitaire et en pleine guerre en Ukraine pourrait en être la cause.
L'ambassadrice ajoute qu'une grande partie de ce budget déjà réduit et non-extensible est déjà affectée à des programmes d'aide au développement et de coopération. "On verra si on peut mobiliser des fonds qui restent à affecter, mais on n'en a pas beaucoup", indique-t-elle. S'agissant de la raison politique, elle déclare, "aujourd'hui (...) tout n'est pas rose, mais on ne peut pas dire qu'il y a une crise ouverte comme ça a été le cas durant les années précédentes".
Basket fund
À entendre la diplomate européenne, l'élection présidentielle de 2018, constitue le dénouement de "crises répétées". Isabelle Delattre Burger soutient, par ailleurs, que "la position de l'Union européenne est que si un panier, un basket fund est mis en place par les Nations Unies, nous verrons comment nous pourrions contribuer". En 2018, la contribution européenne était de 1 777 251 dollars. Jusqu'ici, cependant, il n'y a pas de signal du côté de la représentation locale des Nations Unies s'agissant d'une probable mise en place de "basket fund", pour le financement de l'organisation de l'élection présidentielle.
Face à la presse, hier, l'ambassadrice de la délégation de l'UE a indiqué attendre les conclusions de la mission onusienne dépêchée à Madagascar, fin mars. Une attente partagée par la classe politique également. "(...) Nous sommes prêts à contribuer dans la mesure du possible, si la communauté internationale a les moyens logistiques et aussi politiques de le faire dans le cadre d'un panier", accentue l'ambassadrice Delattre Burger.
Bien que le calendrier ne soit pas encore officialisé, tous s'accordent que le premier tour de la présidentielle se tiendra en novembre. Jusqu'ici, la version officielle du gouvernement est qu'il prendra en charge le financement de l'organisation de la course à la magistrature suprême. Face aux difficultés financières que rencontre l'État actuellement, l'idée qu'un soutien financier de la communauté internationale pourrait s'avérer nécessaire s'impose de plus en plus.
Christine Razanamahasoa, présidente de l'Assemblée nationale, y est allée franco sur ce sujet, le 2 mai, dans son discours d'ouverture de la session parlementaire. Ayant convié le corps diplomatique à la cérémonie d'ouverture, elle leur a demandé de traduire en action concrète les discours de soutien à Madagascar. S'agissant des élections, la boss de la Chambre basse entend par traduction en acte des discours et intentions, une contribution financière.
Hier, Isabelle Delattre Burger a rappelé que la Commission électorale nationale indépendante (CENI), estime à 143 milliards d'ariary les fonds nécessaires à l'organisation de la présidentielle. Un budget est revu à la baisse à s'en tenir aux échos des discussions entre la CENI et le gouvernement. "Il s'avère qu'en réalité, l'aide financière de la Communauté internationale serait quand même la bienvenue, puisque dans la loi de finances, il y a actuellement 40 milliards d'ariary de prévu, et même si le budget est revu à la baisse, même de moitié, il restera toujours un déficit à combler", indique l'ambassadrice de l'UE.
Certains s'interrogent alors sur les raisons pour lesquelles les Nations Unies n'ont pas encore mis en place le fameux "basket fund", comme c'était le cas en 2018 et 2013 aussi. Contacté, hier, Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI, confirme que le budget prévisionnel de la présidentielle "sera largement revu à la baisse".
Aucun chiffre précis n'est toutefois encore arrêté. Il ajoute que le gouvernement rassure toujours sur la prise en charge des dépenses pour l'organisation du scrutin. Le dernier échange entre la CENI et l'Exécutif sur le sujet remonte au 1er mai. Dans son discours d'ouverture de la session, Christine Razanamahasoa a requis que la totalité du budget électoral soit inscrite dans le projet de loi de finances rectificative à présenter au Parlement prochainement. Reste à voir si l'État se donnera les moyens de ses ambitions.