Soupçonnés de détournements présumés à hauteur 98,2 millions Fcfa, une dizaine de responsables arrêtés.
Le scandale se gère avec une rare discrétion. Une dizaine de responsables de l'Hôpital général de Yaoundé sont en garde-à-vue depuis plus d'une semaine pour des fait de détournements présumés de deniers publics. Le réseau démantelé était spécialisé dans la falsification des pièces comptables avec la complicité, outre le gestionnaire du logiciel de comptabilité Ginfocis, le caissier principal, tous les caissiers secondaires et les agents de facturation.
Tout est parti de soupçons du directeur général de cette formation hospitalière, la plus importante du Cameroun, le Pr Vincent de Paul Djientcheu, face à la multiplication de prestations dont on ne retrouvait aucune trace, alors que l'hôpital est depuis engagé dans le tout informatique.
C'est le cas, par exemple, à la morgue où plusieurs corps régulièrement enregistrés à l'entrée ont été levés sans laisser de preuve que la facture avait été réglée. Il va alors diligenter une enquête interne à laquelle il associera le commissariat du 18e arrondissement à Ngousso, dont les locaux sont situés juste en face de l'hôpital général. Les différentes auditions et l'exploitation des téléphones portables des suspects vont très vite fournir aux enquêteurs des éléments de preuves accablants.
Par ailleurs, tous les mouvements frauduleux effectués dans le logiciel de comptabilité retracés par les experts informaticiens commis par le directeur général ont permis d'établir des détournements cumulés à hauteur de 98,2 millions Fcfa environ sur un mois. Après quoi, le Pr Vincent de Paul Djientcheu a déposé une plainte sur la base de laquelle le commissaire de sécurité publique du 18e arrondissement a procédé aux arrestations de toutes les personnes impliquées dans ce scandale.
Après quelques jours de garde-à-vue dans cette unité, le délégué général à la Sûreté nationale (DGSN), Martin Mbarga Nguele, selon nos informations, aurait lui-même ordonnés que tous les suspects soient transférés au commissariat central numéro où ils font l'objet d'une garde-à-vue administrative depuis le 03 mai dernier.
C'est une affaire qui est loin d'avoir livré ses derniers secrets. Après l'enquête préliminaire en cours, ce dossier devrait en principe atterrir devant le Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction créée en 2011 et qui connaît de la plupart des affaires de détournements de deniers publics dont le préjudice financier est évalué à 50 millions Fcfa au moins.