Ile Maurice: Révision du salaire minimum - Une épée de Damoclès sur la tête des petits commerces

Depuis quelques jours, l'on parle de revoir le salaire minimum. Certains syndicalistes demandent même de le rehausser jusqu'à Rs 15 000 mensuellement. Toutefois, cela pourrait aussi relancer le spectre du licenciement, surtout chez les petits commerces. Certains arrivent déjà difficilement à joindre les deux bouts.

À Péreybère, Yogenee Moorghen exerce comme commerçante, avec pour spécialité la vente de nourriture. Elle raconte que la maind'oeuvre est difficile à trouver pour ceux qui travaillent sur les plages.

«Les travailleurs ne recherchent pas le salaire minimum. Mais ils veulent être payés Rs 1 000 par jour. Il m'est même arrivé de payer Rs 45 000 à un travailleur pour un mois. Donc, maintenant, ne me parlez pas d'un salaire de base.»

Elle explique que les travailleurs voient une rentrée d'argent régulière avec la vente des produits. «Ils ne comprennent pas que la mayonnaise, le ketchup, les frites ont doublé, sans parler de l'électricité.» Elle ne serait pas contre l'idée d'une loi qui imposerait aux travailleurs indépendants de verser le salaire minimum aux employés.

«Il ne faut pas oublier que durant la saison basse, nous n'arrivons pas à travailler comme nous l'aurions dû. En gros, le travail ne marche bien que quatre voire cinq mois par an.»

Dans le même contexte, Stephane Maurymoothoo s'interroge sur l'avenir des commerces avec une hausse du salaire minimum. Certes, avance le président de la Platform Ti Travayer, ce serait un avancement pour les gens qui ne touchent que Rs 12 000, mais est-ce que les compagnies vont suivre ? «Avant l'introduction du salaire minimum, les magasins employaient trois à quatre personnes.

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Ces dernières ne touchaient que Rs 4 000-Rs 5 000 mensuellement. Mais avec cette introduction, ces patrons ont préféré ne garder qu'une personne. Maintenant, si on demande de verser Rs 15 000, quelle sera la première réaction de cet employeur ?» Plusieurs magasins à travers le pays ont déjà fermé boutique suite à la pandémie de Covid-19.

Il ajoute que pendant les vacances scolaires, plusieurs jeunes allaient chercher un emploi, mais qu'avec l'introduction du salaire minimum, cela a stoppé. «Si vous ne leur versez pas le salaire minimum, leurs parents viennent vous voir et parlent de ce que dit la loi. Pour éviter les problèmes, vous préférez ne pas leur donner du boulot.»

Toutefois, il ne comprend pas pourquoi la révision salariale n'interviendra que l'année prochaine. «Puisque nous en parlons déjà, pourquoi le ministre ne l'introduit pas cette année ? Est-ce que c'est pour s'assurer d'obtenir quelque 400 000 votes pour les prochaines élections ?»

Le syndicaliste Fayzal Ally Beegun espère que cette hausse ne va pas rimer avec licenciement. «Les compagnies menacent toujours de licencier du moment que l'on parle d'augmentation de salaire. Surtout quand s'est justifié.» En effet, il ne peut pas comprendre qu'une personne qui travaille touchera moins qu'un retraité.

«L'on laisse entendre que la pension va passer à Rs 13 500 prochainement. Mais il n'y a pas photo entre une personne qui bosse et qui gagne Rs 12 075 et un pensionnaire. Surtout avec tous les produits qui ne cessent d'augmenter.» Selon lui, le salaire minimum devrait même atteindre les Rs 20 000.

En ce qui concerne les compagnies de textile, il demande au gouvernement de surveiller les carnets de commandes. «Surtout si les compagnies parlent de licenciement en cas d'augmentation de salaire.» Il conclut en disant que les droits des travailleurs doivent être respectés ainsi que leur dignité en tant qu'humains.

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