L'ex-chef du parlement ivoirien, Guillaume Kigbafori Soro, en exil depuis décembre 2019, est sorti du silence qu'il observait depuis plusieurs mois. « Bogota », ainsi qu'on le surnomme, a, cette fois-ci, choisi de s'adresser directement à ses militants à travers une visioconférence diffusée sur les réseaux sociaux.
Une stratégie de communication qui vise d'abord à rassurer ses militants sur la folle rumeur qui circule depuis un certain temps, sur son état de santé. Il en a aussi profité pour afficher son optimisme quant à son avenir politique et ce, malgré sa condamnation à perpétuité.
Le leader des Générations et peuples solidaires (GPS) ne s'avoue pas pour autant vaincu et rêve d'un destin national. D'ailleurs, il n'hésite pas à le clamer haut et fort chaque fois qu'il en a l'occasion. Toutefois, et il est important de le relever, contrairement à ses précédentes sorties où il n'hésitait pas à décocher ses flèches contre le président Alassane Ouattara et critiquer sa gouvernance, Soro Guillaume a adopté un ton assez conciliant, apaisé et courtois.
On constate, pour une fois, qu'il s'est gardé d'attaquer frontalement Alassane Ouattara et de critiquer ouvertement sa gouvernance. Est-ce à dire que Tieni Gbanani, (un autre sobriquet que les Ivoiriens lui ont donné) a choisi de tourner le dos aux invectives ?
L'avenir nous le dira. Cela dit, bien que son parti ait été dissous par les autorités d'Abidjan, Guillaume Soro et ses militants donnent de la voix pour montrer à l'opinion nationale et internationale qu'ils existent.
On peut se poser la question de savoir si au stade actuel des choses, Guillaume Soro dispose des moyens de ses ambitions
« Je vais bien, je circule, je tiens des réunions, je voyage », assène Tieni Gbanani qui n'hésite pas au passage à donner son avis sur tous les sujets qui touchent à la vie de la nation ivoirienne. Sans doute cherche-t-il à exister politiquement et c'est de bonne guerre. La nature ayant horreur du vide, un grand nombre de ses militants et non des moindres ont fini par le lâcher et ont vite fait de rejoindre le parti au pouvoir.
Au regard de tous ces éléments, on peut se poser la question de savoir si au stade actuel des choses, Guillaume Soro dispose des moyens de ses ambitions. Certes, depuis son exil, comme il l'a souligné à ses militants, il tisse sa toile en attendant son heure ; il renforce ses réseaux en vue de la présidentielle de 2025. Mais la réalité sur le terrain lui échappe, affecté qu'il est par l'exil.
On note par ailleurs que dans la mare politique ivoirienne, les vieux crocodiles que sont Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo n'ont jusque-là pas renoncé à leurs ambitions.
Pour le moment, certains se refusent à passer le témoin à des cadres plus jeunes et compétents de leurs partis respectifs. Guillaume Soro qui observe de loin cette scène, a le temps de peaufiner sa stratégie de conquête du pouvoir avant 2025. Ne dit-on pas qu'en politique, il faut toujours se garder de dire « jamais » ?
C'est pourquoi il n'est pas exclu que d'ici à 2025, au nom de la réconciliation nationale, tous les fils et filles en rupture de ban avec le président Alassane Ouattara, se retrouvent pour ensemble fumer le calumet de la paix. Cette hypothèse n'est pas à exclure dans l'absolu, y compris pour Soro Guillaume.