Environ une semaine après la catastrophe de Kalehe les sinistrés attendent toujours leur délocalisation. Le bilan provisoire est de 411 morts, des centaines de blessés et de disparus, mais ce qui les inquiète, c'est l'odeur nauséabonde et les et traces de sang visibles à certains endroits boueux certainement à cause des corps en putréfaction coincés sous les décombres
Bertin Kalembe, est habitant de Mwimbiri. Au moyen d'une canne, il retourne les immondices entassées sous un pont, qui dégagent des odeurs pestilentielles derrière sa maison.
« De nombreux corps sont encore ici. Ce sont des gens qui s'abritaient malheureusement, ils ont été coincés ici par les inondations, ensuite, ils ont été recouverts par la boue. Regardez toutes les mouches ici. C'est l'odeur qui nous a alertés. D'ailleurs la santé de mes enfants se dégrade. Ils font la fièvre, ils toussent, et je crois que c'est à cause de l'air ambiant », explique-t-il.
Sur la route principale, Espoir Lukungulika, est lui aussi très inquiet. « Je sais que le nombre des morts annoncé est largement inférieur aux corps des disparus. Si les machines intervenaient ici vous verriez que c'est vrai. Il faut qu'on nous apporte les médicaments pour lutter contre les risques de contamination. Avec ces odeurs moi, j'ai envie de vomir, et je n'ai plus d'appétit ».
Le député national Tite Hakizuwera est un élu de Kalehe. Il a fait le déplacement de Kinshasa, et déplore la disparition des habitants de son territoire. « Je manque de mots pour qualifier ce que je suis en train de voir ! Non, c'est... En tout cas, je manque de mots. Il est nécessaire de délocaliser cette population ! ».
Les secouristes débordés
Mais au milieu des pleurs dans les villages frappés par la catastrophe, le coordonnateur de l'ONG humanitaire One Health Patrick Birhali et ses compagnons ne baissent pas les bras. « Non, les secours ne sont pas terminés. On continue à ramasser les corps, et beaucoup de corps sont encore enterrés dans le sol. Comme vous le constatez il y a ce sang qui jaillit sur le sol, et la Croix-Rouge déterre, et tous les autres volontaires sont mobilisés pour retrouver les corps. On retrouve les corps sur le lac, et les autres au sol », explique-t-il.
Mais les 120 volontaires de la Croix-Rouge déployés, et les structures sanitaires déplorent le manque des matériels adéquats dans la prise en charge des blessés, ou des corps retrouvés. « Les matériaux actuellement disponibles demeurent insuffisants par rapport à l'ampleur des cas actuellement soignés. Ça ne suffit pas, comme on dit toujours que les besoins sont énormes, mais les ressources limitées », constate le docteur Bauma Ngola qui dirige l'hôpital Muhini de Nyamukubi.
Pour tenter de pallier un tant soit peu, la Fondation Harish Jagtani apporte son expertise médicale en faveur des sinistrés. « On vient avec 80 tonnes des médicaments, des kits de premiers soins aussi, avec une équipe des médecins, volontaires et infirmiers afin d'appuyer les efforts déjà consentis envers la population locale », détaille Jemima Rubuye, la responsable des opérations.
Après MSF et IMC, deux agences de l'ONU, à savoir l'Ocha et le PAM, sont attendues à Kalehe ce mercredi.
On recherche les corps en identifiant là où serait une maison. Cinq jours après, il y a des odeurs qui guident les secouristes et les volontaires.
John Kashingzwe, responsable provincial de la Croix-Rouge congolaise