Tunisie: Snipe-La Presse résiste encore et toujours ! - Quand chaque jour est un combat

Le quotidien au sein de SNIPE-La Presse - Assahafa n'est guère facile. Des journalistes, des employés et des techniciens qui gèrent leur situation au jour le jour sans aucune visibilité, privés de tous leurs droits à l'exception d'un salaire basique qu'on s'amuse à appeler « un squelette ».

En dépit de cette situation douloureuse, les deux journaux édités par la société n'ont pas cessé de paraître le moindre jour. Derrière tout cela, les sacrifices des journalistes, des techniciens et de tous les employés qui passent la nuit après l'autre à oeuvrer pour que les fidèles lecteurs de deux grands journaux du pays ne soient pas privés de leur droit à une information vraie et équilibrée.

Mais trop c'est trop, la situation ne cesse d'empirer alors que les autorités de tutelle font la sourde oreille comme le confirment les parties syndicales qui accusent une situation catastrophique. Sans couverture sociale, sans assurance maladie, des salaires amputés et des revendications marginalisés, aujourd'hui le personnel de SNIPE-La Presse - Assahafa a décidé de briser le silence et de se faire entendre malheureusement à travers une grève, du fait nos deux journaux disparaitront des kiosques demain jeudi 11 mai 2023.

Le syndicat de base de la Société Nouvelle d'Impression, de Presse et d'Edition « SNIPE-La Presse » a décidé d'observer, aujourd'hui mercredi, une grève avec présence sur les lieux, et ce « suite à l'échec des négociations avec la partie administrative et la présidence du gouvernement », selon une déclaration publiée lundi par le syndicat.

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« Quatre séances de négociation avaient échoué en raison de la politique de négligence, d'indifférence et de tergiversation de la direction générale et de la présidence du gouvernement à l'égard des revendications vitales contenues dans le préavis de grève du 21 mars 2023", nous explique le SG du syndicat de base à Snipe-La Presse, Sofiène Chaâbane.

Pour lui, la présidence du gouvernement est en train d'adresser un message clair au personnel de l'entreprise : La Presse n'est pas une priorité. « Nous avons l'impression que la Kasbah est en train de vider la visite historique du président de la République dans les locaux de La Presse de tout contenu et de tout intérêt », poursuit-il.

« La présidence du gouvernement s'est absentée de la dernière séance de négociation et s'est soustraite à ses responsabilités envers SNIPE-La Presse, en particulier après s'être engagée le 14 avril 2023 à porter les demandes urgentes à qui de droit pour trouver des solutions nécessaires », ajoute le syndicat.

Toujours selon notre interlocuteur, la décision d'observer une grève est due à la détérioration de la situation sociale et financière de l'entreprise, affirmant que « la porte du dialogue reste ouverte ».

L'objectif de la grève est surtout un moyen de « faire pression pour un retour à la table du dialogue en vue de trouver une solution à la crise étouffante que traversent SNIPE-La Presse et ses employés ».

On menace même que le personnel de La Presse n'assurera plus les heures de travail nocturne à partir du 11 mai, chose qui engendrera l'arrêt d'édition et d'impression des deux quotidiens.

Retour sur une visite historique

Pourtant tout le personnel, mais aussi nos lecteurs avaient espéré le mieux et le dénouement de la crise qui perdure depuis plusieurs mois avec la visite historique du président de la République Kais Saied dans nos locaux en plein centre-ville de Tunis.

En effet, le président de la République, Kais Saied, avait effectué, dans l'après-midi du 11 mars 2023, une visite inopinée au siège de l'entreprise médiatique « Snipe-La Presse », à l'occasion de la célébration du 87e anniversaire de sa création.

Lors de sa visite, le Chef de l'État a discuté avec les employés de cette institution, les journalistes et les techniciens, sur la situation de l'entreprise.

Cette visite avait pourtant permis au Président de la République de soulever les préoccupations de l'entreprise et de dissiper les ambiguïtés entourant son avenir en raison des difficultés financières et administratives.

Kais Saied était conscient de l'importance de cette institution historique et que le Président la considérait comme faisant partie de la mémoire et de l'identité tunisiennes.

D'ailleurs, le Président de la République a souligné « son engagement politique pour surmonter les difficultés auxquelles cette institution est confrontée, la développer, améliorer sa production et ses conditions de travail ».

« On ne laissera pas La Presse tomber », avait-il affirmé.

Rien n'a changé

Deux mois, jour pour jour, rien n'a changé. Si cette visite a constitué un message clair au gouvernement pour engager les réformes nécessaires et résoudre les problèmes de cette entreprise, du côté de la Kasbah on s'est contenté d'un conseil des ministres qui a annoncé une enquête approfondie sans qu'il n'y ait de suites concrètes.

Alors que les problèmes ne cessent de s'accumuler, on ne parvient toujours pas à réunir tous les protagonistes autour de la même table pour sortir d'une crise qui met en péril plusieurs dizaines de familles, mais surtout le droit des citoyens à une information de qualité.

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