Le RHDP a placé la barre très haut. Pour le scrutin du 2 septembre prochain, qui concerne aussi bien l'élection des présidents des conseils régionaux que des maires, le parti au pouvoir a fait très fort. Il a réussi à présenter des candidats dans toutes les localités. À la lecture des deux listes rendues publiques, avant celles des autres formations politiques, on peut affirmer sans risque de se tromper que le RHDP est vraiment un parti national. Qui regorge de cadres capables de défendre ses couleurs à toutes les joutes électorales sur l'ensemble du territoire national. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, en passant par le Centre aucun centimètre carré du territoire national n'échappe donc au parti d'Alassane Ouattara. Donnant ainsi une preuve de son ancrage dans la population ivoirienne.
Le parti logé à la rue Lepic n'est pas à sa première expérience en la matière. On se rappelle déjà l'exploit réalisé en proposant le plus grand nombre de candidats issus de ses rangs aux élections législatives de mars 2021. Tout le contraire des autres partis politiques que sont notamment le PDCI et le PPA-CI qui n'ont présenté que des candidats dans leur bastion naturel. A l'époque, le PDCI-RDA s'était contenté de concentrer ses forces au centre du pays où il avait le plus grand nombre de candidats. Tout comme l'ex-EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté) proche de Laurent Gbagbo qui s'est limité, en général, à l'ouest du pays. Dans plusieurs autres localités comme à Yopougon, ces deux partis ont été contraints de constituer des listes communes.
À l'époque, ils n'avaient pas présenté de candidats dans le grand nord comme s'il ne faisait pas partie du territoire national. Pour rappel, après avoir abandonné cette région depuis des années, le PDCI-RDA savait qu'il n'avait aucune chance d'y remporter le moindre siège de député. Il a donc simplement jeté l'éponge.
La formation des houphouëtistes est donc bien lancée pour remporter le plus grand nombre de mairies et de conseils régionaux à ces élections locales. Car, le parti de Bédié et celui de Gbagbo, les deux concurrents directs du RHDP, partent handicapés par leur non présence sur l'ensemble du territoire national. De plus, dans ce qu'ils considèrent comme leur bastion, ni le PDCI, ni le PPA-CI n'y sont maîtres. Ils sont fortement menacés par le parti présidentiel. A force de travail et grâce une présence quasi-quotidienne auprès des populations, le RHDP a fini par ravir des bastions et au PDCI et au PPA-CI, au point de faire de toute la Côte d'Ivoire son fief. On assiste à une adhésion massive des populations à la cause des houphouëtistes. Toute chose que Cissé Bacongo, secrétaire exécutif du parti, a si bien résumé. « Le RHDP est désormais la force politique majeure en Côte d'Ivoire, agrandissant son influence sur l'ensemble du territoire. Plusieurs personnalités politiques de haut rang du PDCI, du PPA-CI, de la société civile et des élus indépendants ont récemment rejoint le parti », déclarait-il le 22 mars dernier face à la presse.
Il est bon aussi de rappeler la victoire symbolique du RHDP aux législatives du 6 mars 2021 à Yamoussoukro. Autre signe que le PDCI est en train de perdre le V Baoulé, c'est la défaite de Jacques Mangoua, son candidat, face à Jules Attingbré, candidat du RHDP, le samedi 3 septembre 2022, lors des élections législatives partielles dans cette localité dont les élus ont toujours été des cadres du PDCI. En termes d'élus, des régions entières ont échappé au parti de Bédié. Qui n'a qu'un seul maire dans le Cavally, aucun dans le Bounkani, le Gontougo, le Poro ou la Bagoué, pour ne citer que ces régions. Sans oublier que pour les régionales de 2018, ce parti était absent dans plusieurs régions du pays. Vu les turbulences qu'il traverse en ce moment, avec des départs massifs de ses militants et cadres au RHDP et la guerre interne qui fait rage entre les partisans d'un ordre nouveau et ceux du statu quo, rien ne garantit que l'ancien parti unique puisse avoir des candidats sur l'ensemble du territoire national aussi bien pour les régionales et les municipales.
Tout comme le PDCI-RDA, le PPA-CI ne sera pas présent sur l'ensemble du territoire national. Pour preuve, sur 31 régions, le parti de Laurent Gbagbo ne présente que 22 candidatures. Il en est de même pour les municipales où il ne présente que 130 candidats sur les 201 communes que compte le pays. Un véritable recul en termes d'occupation de terrain pour le PPA-CI dont le premier responsable a été président de la République durant 10 ans (2000-2010).
Depuis sa création, le parti de Gbagbo a du mal à conquérir le coeur des Ivoiriens. La gauche qu'il était censé conduire s'est disloquée depuis ses démêlés politico-judiciaires avec Simone Gbagbo, ses ennuis avec Affi N'Guessan ou encore Charles Blé Goudé. Le dernier est devenu persona non grata du cercle restreint de l'ancien chef d'Etat dont il se proclame pourtant très proche.