Burkina Faso: La « parcellisation » en marche

Alors que le phénomène terroriste prend une nouvelle tournure au Burkina Faso, avec l'introduction de « chevaux de Troie » dans la guerre et la propagation éventuelle du terrorisme dans les pays du littoral, de nombreux intellectuels (?) peinent toujours à comprendre que l'apparition de l'hydre sur le continent africain, vise à terme, l'éclatement des Etats issus de la colonisation pour une exploitation commode de leurs ressources naturelles et leur maintien ipso facto dans leur situation de pays pauvres arriérés sur tous les plans.

L'exemple du Mali où l'Etat n'a aucune prise sur son septentrion depuis plus d'une décennie est illustratif de cette assertion. Quand on sait que le Nord Mali est une éponge à pétrole et à gaz (tout comme le Nord Burkina), qui sait ce qui s'y passe de nos jours en matière d'exploitation de ce sous-sol ? Sans faire de procès d'intention à qui que ce soit, on sait que Gao, Kidal et plus près de nous le Sahel burkinabè au sens large, sont des « banlieues » de certaines capitales maghrébines et proche-orientales qui ne seraient pas fâchées de pomper ses richesses par le biais de pipelines et autres gazoducs serpentant à travers le Sahara jusqu'au golfe persique.

Une hypothèse farfelue à priori mais qui trouve tout son sens au fur et à mesure que la guerre s'implantera dans la durée. Le but c'est de semer le désordre et la peur partout et nulle part à la fois, pour créer l'exaspération des populations vis-à-vis de tout régime qui viendrait à s'installer et rendre inaccessible le Sahel utile à nos Etats, avec à terme, la création de califats où plus précisément des no man's land propice à tous les deals et autres trafics principalement des armes et de la drogue.

Plus loin de chez nous, la guerre des généraux soudanais participe de cette même stratégie avec une visée sur les richesses du Darfour entre occidentaux et orientaux. Il n'est pas à exclure une nouvelle partition du pays après la naissance du Soudan du Sud, la probabilité étant forte qu'aucun des généraux ne sorte vainqueur de ce combat fratricide. Le constat est le même en RD Congo avec la sécession possible du Kivu voire du Katanga (le général Nathanael Mbumba avait déjà tenté l'aventure en 1977, mais Mobutu avait été sauvé par la légion française qui avait sauté sur Kolwezi).

Ces scenarii ne sont donc pas nouveaux en Afrique , le Biafra et la vaine sécession du Togoland sont des souvenirs vivaces dans l'esprit des aînés. Avec la nouvelle course au coffre-fort africain, tous les coups sont permis et, le diable n'est pas toujours celui que l'on croit. Or, quand on ne connaît pas son ennemi il est difficile de le vaincre. Au lieu de s'atteler à cette tâche de lisibilité de la nouvelle géostratégie mondiale, l'Afrique est engluée dans ses sempiternelles querelles de clocher idéologiques sur fond de démocratisme bourgeois mal compris par les masses populaires dont les conditions ne font que se détériorer, ce qui pose les bases de cette implosion. Qui a dit que l'infrastructure déterminait la superstructure ?

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