Depuis plusieurs années, les plaidoyers se multiplient, les actions deviennent plus intenses pour corser la sanction contre le trafic des médicaments. Mais le mal persiste. L'Etat est interpellé par les acteurs de la pharmacie et du médicament, la loi «médicrime» étant dans les tiroirs de l'Assemblée nationale.
La lutte contre le trafic et la vente illicite de médicaments n'a toujours pas donné les résultats attendus par les acteurs de la pharmacie et du médicament. Malgré les arrestations et les saisines de médicaments, notées dans le pays par les Forces de défense et de sécurité, notamment la Douane, certaines personnes persistent dans cette pratique.
Si depuis quelques mois, on n'a pas entendu parler de saisine, laissant croire que les trafiquants se sont convertis vers d'autres domaines, la surveillance du territoire a fait des effets. Des saisines ont été opérées en début de semaine dans les localités de Fatick, avec une importante quantité de médicaments. Une situation qui remet encore sur la table la lancinante question de la lutte contre le trafic et la vente parallèle de médicaments.
Selon des sources proches des Forces de défense et de la sécurité, des mesures de surveillances sont mises en place dans les points de trafics ; mais, ce qui se passent, c'est que ces derniers utilisent d'autres canaux pour faire entrer des médicaments dans le pays. Aujourd'hui, les grandes voiries ont été délaissées par les acteurs du trafic, à cause des vérifications, et ce sont les sentiers ou des routes secondaires qui prennent le relais.
Au niveau de certains pharmaciens, l'on signale que la vente parallèle de médicaments est toujours à l'ordre du jour. Les médicaments entrent en petite quantité dans le pays et ce sont les deux roues qui facilitent le trafic. Et de se demander : comment expliquer que «Keur Serigne Bi», à Dakar, continue de fonctionner et d'assurer le ravitaillement en médicaments de certaines personnes ? Comment expliquer que des dépôts parallèles, à Touba, ne soient pas inquiétés et soient régulièrement alimentés ?
La loi «Medicrine», toujours dans les tiroirs de l''Etat
Les acteurs de la pharmacie et du médicament ont demandé la criminalisation de la vente illicite de médicament. Les personnes qui s'adonnent à cette pratique devront recevoir de lourde peine d'emprisonnement et non un à deux ans de prison. Des sanctions qui ne font qu'encourager la pratique.
Depuis des années, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal et l'Ordre des pharmaciens, accompagnés des grossistes, se battent pour faire passer cette loi «médicrime», à l'Assemblée nationale, qui vise à criminaliser tout acte qui ne respecte pas le circuit du médicament, allant de la vente, la fabrication, au transit et stockage, entre autres.
Tout récemment, les appels, les plaidoyers se sont multipliés pour faire reculer la vente parallèle ainsi que le trafic de médicaments de qualité inférieure, qui causent beaucoup de décès au Sénégal et sont la cause de plusieurs maladies chroniques. Ainsi, lors de la rencontre préparatoire du Forum international de la pharmacie, qui doit se tenir à Dakar, le comité d'organisation, piloté par le président de l'Ordre des pharmaciens du Sénégal, Dr Amath, a remis sur la table la question du trafic illicite et la vente parallèle de médicaments. Le professionnel du médicament a estimé qu'il y a «un manque de volonté» des politiques et au plus haut niveau. «Si le Chef de l'Etat le voulait, cette pratique allait s'arrêter aujourd'hui et les dépôts illégaux de médicaments vont disparaitre», avait-il laissé entendre.
De son côté, l'Etat a tenté de rassurer les professionnels du médicament. Aujourd'hui, avec la mise en place de l'Agence de régulation pharmaceutique (Arp), la profession pharmaceutique se réorganise, pour plus de pouvoir et de force de décision. Il s'y ajoute que la loi sur la pharmacie est sur la table de l'Assemblée nationale et les acteurs espèrent qu'elle sera très vite votée, afin de permettre à la tutelle de poser des actes qui vont réduire la pratique de la vente parallèle mais aussi la floraison des dépôts illégaux de médicaments.