Les Forces vives de Guinée, alliance des principaux partis politiques et des organisations de la société civiles, ont appelé à manifester ce mercredi 10 mai, après s'être retirées des négociations de sortie de crise, estimant que ses revendications n'avaient pas été entendues.
Au rond-point de la Tannerie, d'où les marcheurs devaient s'élancer ce matin, il n'y avait aucun militant sur place à la mi-journée, rapporte notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal. À cet endroit stratégique, la police et la gendarmerie ont mobilisé plusieurs véhicules.
La manifestation des Forces vives de Guinée a été interdite par les mairies des cinq communes qu'elles entendaient traverser pour rejoindre l'esplanade du Palais du Peuple. Là, un « meeting géant » était prévu, selon le communiqué de cette alliance large et hétéroclite, qui réunit les principaux partis politiques, ainsi que des organisations de la société civile. Ce mercredi midi, rien n'indiquait que ce rassemblement pourrait bien avoir lieu.
Cela n'a cependant pas empêché des groupes de jeunes de se rassembler sur la route Le Prince, où se trouvent les quartiers traditionnellement frondeurs et contestataires de Conakry. Des heurts ont alors éclaté entre manifestants et forces de l'ordre. Ils se poursuivaient à la mi-journée à Bambeto, Cosa ou encore Cimenterie.
Les Forces vives de Guinée ont lancé cet appel à manifester après s'être retirées des négociations avec le gouvernement, menées depuis deux mois sous l'égide des religieux. Les FVG, qui réclament entre autres la libération des détenus politiques et l'ouverture d'un dialogue selon les conditions voulues par la Cédéao, estimaient que leurs revendications n'avaient pas été entendues. Comme souvent, les troubles ont commencé avant l'entrée en vigueur du mot d'ordre. Mardi 9 mai au soir, déjà, des témoins signalaient des violences dans plusieurs quartiers.
La proposition de libération sous contrôle judiciaire « rejetée »
Côté dialogue, c'est l'impasse. Très satisfaits, les chefs religieux ont annoncé lundi que le gouvernement avait lâché du lest. Mais les concessions n'ont pas été jugées suffisantes par les FVG qui ont maintenu leur mot d'ordre : elles ont même prévu une nouvelle manifestation demain et des marches jusqu'à la fin du mois. Une série de rassemblements sans précédent à l'ère du CNRD.
Les leaders religieux avaient plaidé une libération conditionnelle pour les militants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), dont Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, détenus depuis 10 mois à la prison civile de Conakry. En réponse à cette proposition, Me Salifou Béavogui, l'un des avocats des détenus, a indiqué que ses clients rejettent cette procédure, car elle risquerait de trahir la mémoire des dizaines de victimes de la lutte pour le respect de la Constitution, de la liberté et de l'État de droit en Guinée. L'avocat demande aux autorités guinéennes d'organiser dans les meilleurs délais un procès juste et équitable ou de libérer purement et simplement ce qu'il appelle les prisonniers politiques.
Il n'est pas question qu'ils renoncent à leur combat qu'ils ont entamé depuis plusieurs années pour le bonheur du peuple de Guinée, pour la liberté, pour la primauté de l'État de droit contre leur liberté. Ils préfèrent rester en prison et en sortir dignement, honnêtement.
Selon Me Salifou Béavogui, l'un des avocats des détenus, ses clients rejettent la procédure de liberté sous conditions car «la justice doit faire son travail»