Une semaine après le drame dans le territoire de Kalehe dans l'est de la République démocratique du Congo, les conséquences sanitaires des inondations inquiètent. Au moins 400 personnes sont décédées à la suite de pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région jeudi 4 mai. Le bilan n'est pas définitif puisque tous les corps n'ont pas été encore enterrés faute parfois d'accessibilité. Il y a pourtant urgence, car de nouvelles maladies pourraient apparaitre et toucher les rescapés.
À l'hôpital de Kalehe, le principal établissement de santé de la région, on craint une nouvelle épidémie de choléra. Ce ne serait pas la première, la zone est endémique, mais aujourd'hui les moyens sont maigres. Il y a pourtant un vrai risque « étant donné qu'il y a des corps en décomposition » indique Robert Massamba le médecin en chef de l'hôpital de Kalehe qui s'inquiètent aussi d'autres maladies diarrhéiques. Les sources ont été ravagées et sont remplies de boue. Il n'y a pas d'eau potable dans la zone et seule l'eau du lac potentiellement contaminée est accessible.
Les autorités locales insistent pour que certaines boues stagnantes soient évacuées puisque des corps pourraient encore s'y trouver. L'idée est aussi de faciliter la communication entre les villages sinistrés. Particulièrement pour les habitants de Nyamukubi, isolés, car la route a été coupée. Pour se ravitailler en vivre, ils sont contraints de passer prendre une pirogue qui reste dangereuse en cas de pluie et de montée des eaux.
L'hôpital s'attend à l'arrivée de nouveaux patients
À l'hôpital, l'affluence a diminué, mais on s'attend encore à de nouvelles arrivées de patients. Chaque jour, Robert Massamba fait le tour des soins intensifs. Aujourd'hui, il ne reste que les patients dits « stables ». Mais trois jours après le drame, l'hôpital était plein, bien qu'il n'ait reçu qu'une partie des blessés.
« Si nous, au niveau de l'hôpital, nous avons eu simplement 76 blessés au vu de la catastrophe, c'est parce qu'il n'y a pas de route. Et puis nous n'avons pas d'ambulance pour nous aider à évacuer les malades. Au total, si nous estimons tous les blessés qui ont été concernés par la catastrophe, ils sont autour de 600 à avoir été identifié et à être en vie », explique le médecin en chef de l'hôpital de Kalehe
Cinq nouveaux blessés graves ont été évacués vers l'hôpital provincial de Bukavu ce mardi 9 mai, soit près d'une semaine après le drame, raconte Ulrich Crépin de l'ONG MSF. « Pourquoi ça continue ? Parce que c'est une catastrophe et quand ça arrive, c'est la panique. C'est un choc psychologique. On connaît des familles qui ont pris des parents blessés et qui ont fui avec pour se mettre à l'abri. C'est ce qui fait qu'on continue à recevoir à l'hôpital des nouveaux patients ».
Pour les survivants, le traumatisme est immense, insistent les professionnels de santé. Un traumatisme qui n'est pas encore pris en charge.
Aujourd'hui, c'est la grande urgence. Il faut s'assurer que les acteurs de terrains soient présents physiquement avec des équipes et du matériel pour garder ces personnes en vie.
Yvon Edoumou, porte-parole d'Ocha en RDC