Sénégal: Vives tensions à Ngor autour d'un projet de construction d'une brigade de gendarmerie

Vue de l’hôtel Ngor-Diarama depuis la plage de Ngor à Dakar, au Sénégal, en 2018 (image d'illustration).

Au Sénégal, c'est le deuil et la colère ce mercredi dans la commune de Ngor, à l'ouest de Dakar, après deux jours de violents affrontements entre jeunes et forces de l'ordre. Officiellement, le ministère de l'Intérieur a fait état d'un décès « accidentel », mais le bilan pourrait être plus lourd selon les habitants du quartier, particulièrement touché par la tension foncière. Depuis mi-avril, les jeunes de Ngor s'opposent à la construction d'une brigade de gendarmerie sur un terrain litigieux.

Les rues de Ngor sont jonchées de pierres, de palettes brûlées et de débris de verre. Abdoulaye Haïdara nous montre son pansement sur le torse. Il affirme avoir été blessé lors des heurts avec les forces de l'ordre. « C'est une balle blanche. J'étais dans le fond, ils entraient dans les maisons et les chambres la nuit et ils ont gazé. Il y a des blessés graves » assure le jeune homme.

La Croix-Rouge Sénégalaise affirme avoir pris en charge 16 blessés. Un de ses véhicules a été « caillassé et incendié par des individus non encore identifiés ».

La gendarmerie est massivement déployée autour du site - appelé « le parking » -, un terrain de 6 000m2 où la brigade doit être construite. Les habitants du quartier, eux, réclament la construction d'un lycée. « C'est un site qui est sacré pour ce village parce qu'il porte le nom d'un érudit. En dehors de ça, la commune a prévu d'y construire un lycée parce qu'actuellement, nous avons des problèmes pour nos enfants qui pour faire le secondaire sont obligés d'aller dans d'autres endroits pour aller étudier. C'est une priorité par rapport à l'implantation d'une brigade », explique le doyen du quartier.

La proposition de l'État, de diviser le terrain en deux ne fait pas l'unanimité pour Mamadou Sambe, une succession de problèmes fonciers a créé trop de frustrations. « Le foncier a toujours été notre problème. Les maisons de 500 m2, 200 personnes y vivent. Le sud de l'aéroport, ça appartenait à nos grands-parents, ils ont tout transformé en maisons de luxe au détriment des populations », déplore-t-il.

Plusieurs responsables de l'opposition ont appelé à la « solidarité » avec les populations de Ngor. D'autres voix rejettent toute « récupération politique ».

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