Madagascar: Élection - Le budget de la présidentielle réduit de moitié

Les discussions entre la CENI et l'Exécutif ont débouché sur une réduction de moitié du budget qui sera affecté à l'organisation de la présidentielle. Sauf changement, le montant ne devrait pas dépasser les 70 milliards d'ariary.

Pas plus de 70 millions d'ariary. Ce serait le plafond convenu du budget prévisionnel de l'organisation de l'élection présidentielle. Une somme qui découle des discussions entre la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et l'Exécutif. Ce montant est indiqué dans une correspondance qui a fuité sur les réseaux sociaux.

Il s'agirait d'une lettre adressée par Romy Voos Andrianarisoa, directrice de cabinet de la présidence de la République, à Isabelle Delattre Burger, l'ambassadrice de la délégation de l'Union européenne (UE). Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI, confirme que le budget prévisionnel de la présidentielle est effectivement réduit de moitié.

De 143 milliards d'ariary, il ne devrait pas dépasser les 70 milliards d'ariary confirme le commissaire électoral. Les discussions entre la CENI et l'Exécutif au sujet du budget électoral datent du 1er mai.

Le rapporteur général de la CENI souligne cependant "qu'il n'y a pas encore de somme précise arrêtée". Sauf changement, le montant exact de la somme affectée, du moins par l'État, à l'organisation de la course à la magistrature suprême, sera inscrite dans le projet de loi de finances rectificative (P-LFR). Une rectification du texte budgétaire est en effet un des rendez-vous les plus attendus durant la session parlementaire en cours.

Dans son discours d'ouverture de la session, justement, Christine Razanamahasoa, présidente de l'Assemblée nationale, a émis le souhait que la totalité du budget pour l'organisation du scrutin présidentiel soit inscrite dans le P-LFR. La loi de finances initiale prévoit une enveloppe de 40 milliards d'ariary.

Ce qui est loin du compte. Christian Ntsay, Premier ministre, a évoqué cette baisse du budget de l'organisation de la présidentielle lors de son interview télévisée diffusée sur la chaîne publique TVM, en janvier. "La CENI ne part pas de rien", a-t-il déclaré. Le locataire de Mahazoarivo avait indiqué que lors de la présidentielle de 2018, notamment, la Commission électorale avait déjà acquis du matériel comme les urnes, ou encore des équipements informatiques.

Fonds propres de l'État?

Selon les explications de Soava Andriamarotafika, outre l'inventaire des équipements déjà à la disposition de la CENI, cette réduction conséquente du budget de la présidentielle résulte de quelques garanties données par l'État. Une de ces garanties étatiques concerne le volet logistique. Les aéronefs de l'armée seront ainsi mis à contribution pour la livraison des imprimés électoraux, dont les bulletins de vote.

Pareillement pour la collecte des résultats. "C'est déjà une part importante des charges qui est allégée", affirme le commissaire électoral. Selon les indiscrétions, la raison pour laquelle le montant du budget pour l'organisation de la présidentielle n'est pas arrêtée serait que la CENI, épaulée par l'Exécutif, est à la recherche du "meilleur prix pour l'impression des bulletins de vote et des imprimés électoraux".

L'impression de ces documents constitue l'autre part importante du budget pour l'organisation des votes. Soava Andriamarotafika soutient, par ailleurs, que jusqu'ici, l'option privilégiée par l'État est de prendre en charge entièrement, sur ses fonds propres, le budget pour l'organisation de la présidentielle. Un point affirmé durant la dernière réunion entre la CENI et l'Exécutif, le 1er mai. Le commissaire électoral concède, néanmoins, que "la contribution des partenaires internationaux est toujours la bienvenue".

Un sujet évoqué dans la missive adressée par la directrice de cabinet de la présidence de la République à l'ambassadrice de l'UE. La lettre qui s'est retrouvée sur les réseaux sociaux sollicite l'appui des partenaires internationaux. Elle avance le modèle du "Basket fund", mise en place par la communauté internationale, en 2018.

Ce point interpelle justement le rapporteur général de la CENI. "En principe, le coordonnateur résident des Nations Unies est le point focal des discussions en matière électorale. Je me demande pourquoi cette lettre, si elle est authentique, s'adresse à l'ambassadrice de l'UE", soutient-il. Sur la participation de l'UE au financement de l'organisation du scrutin, Isabelle Delattre Burger a déclaré durant une conférence de presse, lundi, "la position de l'Union européenne est que si un panier, un basket fund est mis en place par les Nations Unies, nous verrons comment nous pourrions contribuer".

Ce qui confirme que le leadership des initiatives du côté de la communauté internationale, appartient aux Nations Unies. Jusqu'ici, il n'y a aucun signal sur la mise en place d'un "Basket fund". La diplomate européenne a, du reste, souligné que cette contribution de l'UE sera "marginale". En cause, un budget réduit et non extensible pour la délégation de l'UE à Madagascar.

Mais aussi que Madagascar n'est pas dans une situation de crise ouverte. Une posture que pourrait partager le reste des partenaires internationaux de Madagascar. De prime abord, même avec un appui international, l'État devra mettre le paquet pour annihiler le risque que l'organisation de la présidentielle ne souffre d'une insuffisance budgétaire.

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