La force de la Communauté est-africaine (EAC) déployée au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), répond aux critiques du président congolais. Le 9 mai, Félix Tshisekedi a remis en question l'efficacité de l'opération militaire de la région. Il a aussi conditionné la poursuite de sa mission après le mois de juin à l'exécution de son mandat. Pour le secrétaire général de l'EAC, ces critiques ne sont pas justifiées.
Pour Peter Mathuki, la situation dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) n'est pas celle décrite par le président congolais, Félix Tshisekedi. « Dire que la force régionale ne fait rien, en si peu de temps, ce n'est pas juste », a-t-il déclaré. Et de détailler : les violents affrontements ont cessé, les rebelles sont en train de se retirer. Tout juste le secrétaire général de la Communauté est-africaine (EAC) reconnaît que le rythme « n'est peut-être pas celui attendu ».
Le temps, c'est principalement ce que le président Tshisekedi ne compte plus laisser à la force de l'EAC. Pour le camp congolais, les résultats ne sont pas là et ce n'est pas la peine de prolonger d'autant plus sa présence dans le pays, selon le chef de l'État.
Surtout avec la différence d'interprétation du mandat. Mandat que Kinshasa estime résolument offensif alors que l'EAC se pose en force d'interposition.
« On n'en a pas besoin », martèlent les proches de la présidence. C'est pour ça que les autorités sont allées chercher un appui du côté de la SADC, la communauté d'Afrique australe. « Certains pays de cette zone ont déjà fait leurs preuves contre le M23 en 2013 », estime-t-on à Kinshasa qui accuse les forces de l'EAC d'une certaine « cohabitation avec les rebelles », pour reprendre les termes du président congolais. Une accusation dont se défend totalement le secrétaire général de l'organisation régionale, Peter Mathuki.
Est de la RDC: l'Union Africaine chargée d'y clarifier l'ensemble des processus La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) a décidé le 8 mai 2023 de l'envoi de troupes dans l'est de la RDC. Une force militaire étrangère qui va venir s'ajouter à celle de la Communauté est-africaine (EAC) déjà sur place depuis le mois d'octobre 2022 et à celle de la mission de l'ONU dans le pays, la Monusco.
Or, depuis près de 10 ans, les feuilles de route régionales s'accumulent pour tenter de résoudre cette crise : accord-cadre d'Addis-Abeba, processus de Nairobi, de Luanda, mécanisme conjoint de la conférence internationale pour la région des Grands Lacs ; autant d'initiatives concernant la situation sécuritaire de l'est de la RDC auxquelles il faut désormais ajouter l'engagement de la SADC à déployer des troupes. « Ça fait beaucoup, confie un spécialiste de la région. Il faut éclaircir cela avant l'arrivée de nouveaux militaires dans la zone ».
Un besoin de coordination qu'ont reconnu les chefs d'État et les diplomates présents le 6 mai dernier au sommet de Bujumbura au Burundi et le 8 mai à celui de Windhoek en Namibie. Et pour cela ils ont décidé d'un nouveau rendez-vous sous l'égide de l'Union Africaine (UA).
Un sommet quadripartite avec les organisations d'Afrique centrale, d'Afrique australe, d'Afrique de l'Est et des Grands Lacs. Objectif : coordonner l'ensemble des mécanismes existants et trouver un terrain d'entente entre les différentes forces régionales, notamment celle de la communauté d'Afrique de l'Est déjà déployée, et dont Kinshasa remet en question l'efficacité, et celle à venir de la SADC, dont le mandat devrait être résolument offensif.
L'UA a donné son accord pour cette nouvelle rencontre, sans pour autant qu'un lieu et une date n'aient été décidés. Néanmoins, « ce sera avant la fin du mois de mai », assure l'envoyé spécial onusien pour la région.