Tunisie: La communication gouvernementale fait débat après l'attaque de Djerba

Synagogue Ghriba sur l'île tunisienne de Djerba en 2012.

Après le choc qui a suivi l'attaque de Djerba mardi 9 mai, c'est le débat qui prend le relais en Tunisie. Le ministère de l'Intérieur a pris la parole ce jeudi 11 mai dans l'après-midi seulement. Jusqu'ici, il avait seulement publié un communiqué, et le président tunisien Kaïs Saïed a évoqué l'assaut en des termes qui posent question.

Présidant un conseil de défense mercredi soir, le président Kaïs Saïed a dénoncé une « opération lâche », qualifiée à plusieurs reprises de « criminelle », au lendemain de l'attaque de Djerba. À aucun moment, le terme de « terroriste » ou d'« attentat » n'a été utilisé par les autorités à ce stade.

Un choix qui pose question en Tunisie où ce terme a pourtant largement été utilisé ces dernières semaines. Depuis février, plusieurs opposants politiques ont été arrêtés et placés en détention, leurs activités politiques étant assimilées à des faits de terrorisme.

L'UGTT, principal syndicat du pays, a lui fait le choix d'utiliser ce terme pour qualifier l'attaque de Djerba. Un qualificatif usité aussi ce jeudi par la France, qui a saisi son parquet antiterroriste alors qu'un ressortissant français a été tué mardi. Un recours qui met encore plus en lumière les réticences des autorités tunisiennes.

Le président tunisien a évoqué - sans jamais les citer - des individus cherchant à déstabiliser l'État tunisien et à gâcher la saison touristique. Le tourisme, c'est l'obsession des officiels tunisiens. Mercredi, la communication gouvernementale a d'ailleurs été orchestrée par le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, qui est le seul membre du gouvernement à s'être déplacé sur le terrain. Il a martelé un même et seul message : la Tunisie est un pays sûr, les touristes doivent continuer d'affluer sans crainte. Un choix de communication centré sur le tourisme qui crée la polémique, alors que cinq familles sont endeuillées par cette attaque.

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