Je fais un constat qui me fend le coeur. Je dis bien que c'est un constat et je ne veux pas que les uns et les autres me qualifient de nostalgique ou de réactionnaire. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Mais comme vous me connaissez, je n'écris pas pour plaire ou déplaire.
Je veux juste soulager ma conscience en disant mes vérités. De quoi s'agit-il ? En effet, sous le régime de Blaise Compaoré, les journalistes voyageaient avec le chef de l'Etat lors des missions, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.
Pour ce qui est des médias privés, il y avait un système de rotation qui était mis en place, qui était bien respecté et qui permettait d'éviter des frustrations. C'est pourquoi, soit-dit en passant, je tire mon chapeau aux communicants de Blaise Compaoré qui, en plus de se montrer justes dans ce qu'ils faisaient, étaient très ouverts voire affables envers les journalistes.
Malheureusement, les choses ont complètement changé avec l'arrivée de Roch Marc Christian Kaboré. Là, on avait affaire à des communicants dont certains se prenaient pour des super-hommes, imbus qu'ils étaient d'eux-mêmes pour ne pas dire qu'ils étaient arrogants.
A peine s'ils vous répondaient lorsque vous les saluiez. Ils regardaient leurs confrères de haut. Pour tout dire, ils avaient réussi... Je ne vais citer aucun nom. Mais ils se reconnaîtront. La vie est ainsi faite que certains, quand ils arrivent à certains postes de responsabilités, n'ont aucun respect ni égard pour les autres. L'ascension sociale révèle l'homme...
Ils pensent qu'ils sont arrivés jusqu'au jour où ils réalisent que le pouvoir est éphémère. En fait, les communicants de Roch ont travaillé à verrouiller le système qu'ils sont venus trouver. Parfois, et je pèse mes mots, pour beurrer leurs épinards.
Je demande à certains communicants de savoir parfois faire preuve d'empathie pour comprendre que les médias ne sont pas leur vache à lait
En effet, non seulement les voyages avec le président se faisaient par copinage, mais aussi il était difficile de bénéficier d'une oreille attentive lorsque l'on s'adressait au service de communication de la Présidence du Faso pour faciliter son travail sur le terrain, quand on avait la chance de voyager avec le « Boss ».
Pour le reste, la nouvelle trouvaille consistait pour le service de communication, à produire des articles que l'on envoyait aux médias pour publication. Voyez-vous ? On refusait que certains médias voyagent avec le président. Mais on leur demandait de se faire l'écho des activités menées au cours de ces mêmes missions et relayées par ses communicants.
Malheureusement, la pratique, quoique malsaine, a inspiré plus d'un au delà de la Présidence, pour affecter d'autres institutions. Si bien que même aujourd'hui, la plupart des directeurs de la communication et des relations presse n'invitent plus les médias aux activités de leurs institutions et ministères respectifs.
Pour ne pas avoir à payer des factures, ils préfèrent couvrir eux-mêmes leurs activités à travers des compte-rendus distillés sur les réseaux sociaux, espérant que les médias les reprendront dans leurs colonnes respectives. Ils veulent que les médias deviennent leurs nègres de service. Parfois, hélas, à des fins alimentaires.
Pourtant, on sait bien que chaque ministère ou institution dispose d'un budget alloué à la communication. Connaissant notre administration, je me laisse convaincre que certains, en fin d'année, trouvent moyen de dealer cet argent qu'ils n'auront pas reversé comme il se doit aux médias. Et le tour est joué ! Les astuces en la matière, ne manquent pas pour pouvoir justifier. Voyez-vous ?
J'ai l'impression que certains oublient ou feignent d'oublier que les médias ont des charges à honorer : paiement des salaires, impôts, achats des intrants, frais d'imprimerie... Je demande à certains communicants de savoir parfois faire preuve d'empathie pour essayer de comprendre que les médias ne sont pas leur vache à lait. Réalisent-ils seulement que par ces temps qui courent où du fait de la conjoncture mondiale, le prix du papier journal a explosé ?
En tout état de cause, s'il y a des gens qui, d'une manière ou d'une autre, travaillent à clochardiser les médias en les contraignant à mettre la clé sous le paillasson, qu'ils n'oublient pas que cela a un effet boomerang d'autant que leurs activités manqueront, in fine, de visibilité.
Mais s'il y a quelqu'un à qui j'en veux particulièrement face à cette misère que vit la presse, c'est Roch Marc Christian Kaboré. Car, ce sont ses communicants qui ont ouvert la brèche, permettant ainsi aux autres de s'y engouffrer.
Et je n'attends pas un changement avec les militaires au pouvoir qui, on le sait, ne supportent pas que la presse fouine dans leurs affaires. Et ce faisant, on peut se demander s'ils ne font pas plus de la communication que de l'information, même si le phénomène n'est pas seulement propre à eux.