Mali: Les observateurs électoraux maliens inquiets de l'organisation du référendum constitutionnel

Au Mali, les observateurs électoraux maliens sont inquiets de l'organisation du référendum constitutionnel. Le vote est programmé le 18 juin prochain, trois mois après la date initialement prévue. Mardi, l'Autorité indépendante de gestion des élections, l'Aige, a tenu un point presse pour rassurer les Maliens sur l'avancée des préparatifs. Mais les observateurs électoraux déployés dans le pays ne partagent pas le même optimisme.

L'Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) assure être prête pour la tenue du référendum.

Mais la Mission d'observation des élections au Mali (Modele Mali) nuance : si les membres des représentations de l'Aige dans les régions, cercles et communes du pays ont largement été désignés, presque aucun n'a été officiellement installé par les autorités. Un processus qui pourrait prendre encore plusieurs semaines, mais qui demeure réalisable, selon la mission d'observation, d'ici au 18 juin prochain.

La fabrication et la distribution des cartes d'identité biométriques ayant pris un retard considérable, les autorités ont annoncé que d'autres documents pourraient être distribués et utilisés le jour du vote. Pour cela, une nouvelle modification de la loi électorale déjà fraîchement amendée sera nécessaire.

« Amateurisme », « manque de planification », déplorent les observateurs maliens, qui attendent la publication du futur décret pour analyser les détails de cette décision.

Mais ce qui les inquiète le plus, c'est le vote anticipé des militaires le 11 juin prochain, une semaine avant le reste des 8 millions 500 000 électeurs maliens officiellement recensés.

Ibrahima Sangho, chef de la Mission d'observation des élections au Mali : « Ça risque d'être source de fraude, de fraude massive ! Parce que personne ne connaît le fichier électoral militaire. Est-ce que c'est 500 000 militaires qui vont voter ? Est-ce que c'est un million de militaires ? Personne ne le sait à ce jour. Et le vote des militaires, c'est dans les camps militaires. Si cette élection se faisait en dehors des camps militaires, les journalistes et les observateurs pourraient voir la crédibilité du scrutin. Mais là, ça pose problème par rapport à la transparence de cette élection. »

Autre inquiétude des observateurs électoraux maliens : la capacité des autorités à organiser le vote dans tout le pays en raison, notamment, de la menace terroriste.

« C'est sûr qu'il y a certaines parties du territoire où il n'y aura pas d'élection, comme dans le centre et dans le nord du pays. Il appartient aussi à l'Aige et au ministère de l'Administration territoriale de nous dire où il sera possible et où il ne sera pas possible de voter, pour que les Maliens soient d'accord », souligne Ibrahima Sangho.

Les observateurs électoraux demandent enfin aux autorités de transition de relancer le dialogue avec la classe politique, plus divisée que jamais au sujet de ce scrutin.

La Plateforme Appel du 20 février, qui rassemble de nombreux partis d'opposition, a notamment fait part de son intention de recourir à la justice pour empêcher la tenue d'un référendum constitutionnel jugé « illégal » et « illégitime ».

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