Au Niger, l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants a démantelé la semaine dernière deux réseaux de trafiquants de médicaments opiacés, qui sont souvent détournés pour une utilisation non médicale. Il a présenté, vendredi 5 mai, une cargaison de tramadol et prégabaline, interceptée à Maradi dans le sud du pays et dont la valeur est estimée à 147 millions de francs CFA. Depuis plusieurs années, le tramadol y est considéré comme une drogue à haut risque, ce qui n'est pas le cas de la prégabaline.
Ce sont plus de 100 000 gélules de prégabaline qui ont été saisies par les agents de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS), dans le hangar d'un village, vers Maradi.
Il s'agit d'un médicament utilisé notamment pour traiter l'épilepsie ou encore les troubles d'anxiété. Le dernier rapport sur les drogues dans le monde de l'Office des nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pointe du doigt une hausse mondiale, notamment en Europe et au Proche-Orient, de l'usage non médical de la prégabaline pour « atteindre un état euphorisant ».
D'après l'OCRTIS, la cargaison de Maradi était destinée à l'Europe. Venue d'Inde, elle est arrivée par le port de Lagos au Nigeria, avant de rejoindre le Niger, pour partir ensuite en Libye. La plaquette se vend entre 500 et 1 000 francs CFA sur le marché noir nigérien, et entre 200 à 300 francs en officine.
L'OCRTIS souhaite que ce médicament soit classé comme « drogue à haut risque », au même titre que le tramadol. « Pour l'heure, un trafiquant de prégabaline ne peut être poursuivi que pour exercice illicite de la pharmacie », explique un officier : la peine maximale encourue est de 6 mois d'emprisonnement, contre 5 à 30 ans de prison pour trafic de drogue.
Autre motif d'inquiétude pour les services nigériens de lutte contre le trafic de drogue : le changement de mode opératoire des trafiquants. D'après l'OCRTIS, ils utilisent de plus en plus les villages ruraux. Le commissaire divisionnaire Yacoubou Rabiou, chef de la division investigations et recherches de l'OCRTIS, a expliqué ces changements.
Le commissaire divisionnaire Yacoubou Rabiou, chef de la division investigations et recherches de l'OCRTIS, explique les changements dans le modus operandi des trafiquants