Centrafrique: Wagner accusé de violences sur des citoyens, les autorités démentent

A soldier from the Central African Armed Forces wears a Wagner Group patch.

Au quartier du PK5 de Bangui, les activités économiques ont repris en douceur en milieu de semaine après plusieurs jours de contestation de la part des commerçants. Ils avaient baissé leurs rideaux vendredi dernier 5 mai pour protester contre la multiplication ces dernières semaines des arrestations, qu'ils jugent arbitraires. Des arrestations menées par des policiers, des militaires, et les mercenaires russes du groupe Wagner. Selon plusieurs témoins, les personnes visées sont emmenées en pleine nuit, violentées, et relâchées contre de l'argent.

Selon plusieurs témoins joints au PK5, les mercenaires de Wagner débarquent la nuit tombée chez les personnes visées. Un homme dont l'oncle a été enlevé et maltraité pendant 24 heures la semaine dernière raconte, sous couvert d'anonymat : « À 23h, l'oncle a ouvert la porte, ils l'ont pointé puis ils ont fouillé la totalité de sa maison, ils n'ont rien trouvé. Ils l'ont amené au niveau du camp de Roux, et ils ont grimpé ensuite dans la colline, au niveau de l'ancien bureau de l'immigration. Ils l'ont torturé sauvagement, ils l'ont flagellé avec un fouet, torturé ses bas de pieds avec une matraque, ils le boxaient au niveau du pectoral. À son arrivée, il vomissait du sang, on l'a amené à l'hôpital, et maintenant, il est sous traitement. »

De 150 000 jusqu'à 5 millions de francs CFA sont demandés aux familles. La peur pousse certains à se cacher. « On te torture, on met le téléphone en ligne, les parents écoutent comment tu es en train de crier, de pleurer, pour mobilier les ressources pour négocier au plus vite ta libération. On ne passe pas la nuit au niveau du PK5, nous sommes obligés de nous réfugier ailleurs, on revient seulement la journée pour vendre nos marchandises, et dans la nuit on se cache ailleurs. »

%

Les protestations ont poussé le chef de Wagner à venir s'expliquer devant des notables du PK5. Accompagné du ministre de l'Élevage Hassan Bouba, Vitali Perfilev a affirmé que ses hommes intervenaient en appui de la police, à la recherche d'armes, et chez des particuliers « dénoncés par leurs voisins ».

« Nous appelons à ne pas céder à la manipulation »

Du côté des autorités centrafricaines, on estime que le gouvernement a vérifié les faits, et que ces accusations participent à une campagne de dénigrement de l'action des FACA et des alliés russes dans le pays. « C'est des informations que nous avons reçues, et des vérifications ont été faites, affirme Albert Yaloké Mokpème, le porte-parole de la présidence. Les autorités centrafricaines membres du gouvernement se sont rendues au Kilomètre 5. Ce sont des investigations qui nous permettent de vérifier vraiment de nos yeux. On sait très bien qu'une décision a été prise de l'extérieur avec la complicité de personnes de l'intérieur pour saboter le travail efficace que font les forces armées centrafricaines avec les alliés russes. Il peut y avoir, avec des hommes en tenue qui se déplacent dans le pays, des choses par-ci par-là et le gouvernement s'emploie à vérifier à chaque fois et à y remédier. Il y a des hommes en tenue, effectivement, qui ont été sanctionnés pour un certain nombre de choses. Mais de là à mettre l'accent là-dessus, en ce moment, nous savons qu'une décision est prise pour saboter le travail de nos forces de défense et de sécurité. C'est pour cela que nous appelons à la vigilance de la population, de ne pas céder à la manipulation. »

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.