Une semaine après le drame où des inondations hors normes ont ravagé plusieurs villages dans l'est de la RDC, les secouristes de la Croix Rouge continuent de déterrer les corps. À Bushushu, on creuse encore dans les décombres et on continue d'enterrer les morts et après sept jours, les habitants n'ont plus d'espoir de retrouver des disparus en vie. Et la colère monte face à l'assistance qui tarde à arriver, avec des habitants de Nyamukubi qui restent coupés par la route et dépourvus de tout.
Bukandé revient des décombres pour le quatrième jour consécutif. Il a perdu sa femme et son plus jeune enfant dans les inondations : « Ils sont encore en train de chercher les cadavres, et je suis en train de passer parce qu'ils n'ont pas encore retrouvé les deux corps. »
Ce père de famille est démuni. Comment va-t-il élever seul désormais ses huit enfants ? « J'ai envoyé les enfants chez mes parents, parce que je doute beaucoup de l'endroit où nous sommes », raconte-t-il, les yeux cernés et effrayé par les fortes pluies de mercredi 10 mai au soir.
Les conditions météo n'ont pas facilité la tâche des secouristes qui manquent de moyen, déplore Désiré Yuma Machumu, président provincial de la Croix Rouge du Sud-Kivu :
« Au moment où nous sommes, mes équipes sont à la recherche de trois corps qui sont déjà identifiés. On pense qu'il y a encore d'autres corps à rechercher. Hier, nous étions embêtés par un arbre, qui était sur le corps d'une personne : il fallait une machine tronçonneuse qu'on n'a pas pu trouver. Donc c'est parmi les difficultés mais je pense que toute la semaine, on sera encore ici. Et si jamais les cas diminuent, je pourrai annoncer la fin de la recherche. »
Le bilan des autorités faisait état mercredi 10 mai de 438 morts, mais depuis, les corps continuent d'être enterrés.
La grogne monte dû à des villages toujours coupés du monde
Dans l'est de la RDC, des villages ravagés par la gigantesque coulée de boue sont toujours isolés, une semaine après la catastrophe. Les routes ont été coupées à cause de la destruction de pont. Nyamukubi, l'une des localités sinistrées n'est plus accessible qu'en bateau ou à pied. L'assistance tarde donc à arriver et les habitants, à bout de force, sombrent dans le désespoir.
Au bord de la rivière, Yseult cherche, parmi les maisons détruites à récupérer quelques planchettes. Du marché où elle se trouvait le jour du drame, il ne reste plus rien. « Je vois beaucoup de pluie qui arrive. Même mon mari, je ne sais pas là où est-ce qu'il est. Je n'ai pas beaucoup à dire parce que je suis en deuil. »
Jacques retire sa casquette et s'arrête un moment face aux débris, comme un hommage aux centaines, voire milliers de disparus : « Nous somme foutus, et c'est pourquoi je suis rentré et me suis déparé avec une colère. Même pour les médicaments, pour les soins, même le deuil, il n'y a rien. Comment est-ce qu'on peut humilier les gens ? Donc c'est comme si nous étions des animaux. »
En contre-bas du village, des privés se sont lancés dans une distribution de vivres et du matériel. Côté gouvernement, on a aussi promis d'apporter une aide, explique l'un des chefs de village Marcelin Bwinto : « C'est minime par rapport à la population que nous avons et 6 250 sinistrés sur place, donc cela ne pourra pas résoudre le problème de tout le monde. »
Une enveloppe de 1 000 dollars a été prévue pour 200 ménages : l'aide financière gouvernementale n'a pas encore été distribuée.
Les villageois du Sud-Kivu grognent face au manque de considération du gouvernement et de leur isolement du reste du pays, sept jours après les inondations