Maroc: La transformation numérique ne devrait pas éclipser le fait qu'elle est également porteuse de risques

Le PNUD Maroc et Bank Al-Maghrib passent au crible la finance digitale

« Le digital n'est pas seulement un vecteur de compétitivité et d'efficience économiques », a déclaré le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri. Dans un pays comme le Maroc, il est aussi « un levier pour accélérer le développement social, en particulier l'inclusion financière », a-t-il indiqué lors d'une table ronde tenue lundi 8 mai à Rabat.

Dédiée à l'écosystème de la finance digitale et à son rôle dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), cette rencontre a été l'occasion du lancement du rapport d'évaluation de l'écosystème de la finance digitale au Maroc (SDFE).

Menée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD-Maroc) en 2022 en collaboration avec l'UNCDF (United Nations Capital Development Fund) et Bank Al-Maghrib, ce document « analyse les défis et les facteurs favorisant la numérisation financière inclusive et permet, à travers 100 indicateurs clés, de mieux comprendre le niveau d'adéquation de l'écosystème de la finance numérique avec les priorités du développement du Maroc ».

Il inclut également une série de recommandations pour accélérer la transformation numérique au Maroc, indiquent les auteurs.

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Pour le wali de la Banque centrale, le lancement de ce rapport est l'occasion de rappeler qu'« à Bank Al-Maghrib, nous avons totalement embrassé la transformation digitale en tant qu'entreprise et au-delà, nous oeuvrons pour l'accompagnement de l'ensemble de notre écosystème pour l'accélération de la digitalisation des services financiers, l'amélioration de leur qualité et la réduction de leur coût ».

Au niveau de l'inclusion financière, poursuit-il, la Banque centrale en a fait « un levier pour la mise en oeuvre de la Stratégie nationale d'inclusion financière que nous avons, ensemble avec le ministère des Finances et les parties prenantes, lancée en 2019 ».

A Bank Al-Maghrib, on est convaincu « que le digital permettra un rattrapage du retard en la matière au bénéfice notamment des jeunes, de la population rurale et des femmes », a affirmé Abdellatif Jouahri indiquant que c'est dans ce sens que l'organisme public dont il a la charge a procédé l'année dernière à cette évaluation avec l'appui du PNUD et du Fonds d'équipement des Nations unies. Avec comme but de « de développer une compréhension approfondie des facteurs favorisant la digitalisation inclusive ».

Ainsi qu'il l'a précisé lors de son intervention, « ce partenariat vise à conjuguer les efforts pour la promotion de l'inclusion financière numérique, en s'alignant avec les priorités de l'Agenda de développement durable et ce, à travers l'utilisation des moyens de paiement digitaux, la digitalisation des versements des aides gouvernementaux ainsi que la vulgarisation des services financiers numériques auprès des populations les plus vulnérables ».

Le wali note que sur les 17 objectifs de cet Agenda, 13 au moins peuvent bénéficier de l'inclusion financière digitale comme le souligne l'édition de cette année du rapport lancé par Sa Majesté la Reine Máxima des Pays-Bas pour «stimuler le progrès vers les ODD grâce à l'inclusion financière numérique».

Mais attention, « l'enthousiasme que suscite la transformation numérique et ses implications dont nous découvrons chaque jour davantage l'étendue, ne devrait pas éclipser le fait qu'elle est également porteuse de risques dont certains sont de nature complexe et difficile à prévenir et à maîtriser », a toutefois relevé Abdellatif Jouahri notant que les développements observés dans le domaine des cryptoactifs à titre d'exemple illustrent la difficulté d'encadrer de telles mutations.

Fort heureusement, « aujourd'hui, il y a une prise de conscience mondiale de ces risques et on assiste ainsi à des initiatives et à des appels à renforcer la coopération internationale et à la mutualisation des efforts dans ce domaine ».

Il faut dire que pour les pays en développement en particulier, l'enjeu reste de taille, il s'agit d'éviter que la fracture numérique ne se creuse davantage. Et « l'un des objectifs visés est de concevoir une réglementation qui laisse la marge pour l'initiative privée et l'innovation tout en prévenant les risques liés à la cybersécurité, la protection des données à caractère personnel, l'abus de confiance des investisseurs et des marchés,... », a souligné le wali.

Ce n'est pas tout. Ce dernier estime, par ailleurs, que « la transformation digitale requiert un investissement dans le capital humain mais aussi dans l'infrastructure numérique, avec inéluctablement une participation de l'Etat au financement ».

Il se trouve cependant qu'en ces temps de durcissement des conditions de financement au niveau mondial, la mobilisation de telles ressources peut constituer un défi important à relever, a-t-il reconnu.

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